Deuxième partie
Les pratiques du yoga

Sri Sri Ma dit :
"Ce qui est fait pour Dieu est, en soi, une pratique de yoga."

Le mot "yoga" ne se limite pas au Yoga à huit branches proposé par le sage Patanjali, mais il est intrinsèquement lié à toute la vie.
Chaque action, chaque émotion, chaque pensée appartient au domaine du yoga si elle est orientée vers Dieu.

Dans ce chapitre, nous abordons divers sujets comme le samadhi, la kundalini, les six chakras principaux, la dissolution des nœuds, les pouvoirs spirituels et bien d’autres encore. Des questions sur ces thèmes complexes ont été posées à Sri Sri Ma, et elle a offert, sur la base de sa propre expérience, des explications très simples et accessibles.

Nous avons rassemblé ses paroles sur tous ces sujets sous le thème du Kriya Yoga afin de proposer une compréhension complète et inspirée de cette pratique spirituelle.

Les enseignements de Ma sur le Kriya Yoga offrent des aperçus sans prix sur les applications pratiques de ces concepts ésotériques. En la laissant nous guider, des aspects compliqués de la pratique spirituelle sont démystifiés, et deviennent accessibles et adaptés aux pratiquants d’aujourd’hui. En les intégrant, ils peuvent enrichir leur voyage spirituel, cultiver un éveil plus profond et leur connexion au divin.

Essentiellement, le Kriya Yoga, tel que Ma l’explique, est plus qu’un ensemble de pratiques physiques et méditatives : il s’agit d’une approche globale de la vie. Cela comprend une harmonisation du corps, du mental et de l’âme par l’effort et l’amour, qui amène à l’éveil spirituel et à l’union au Divin.

Swakriya

Question : Que faut-il faire pendant qu’on travaille au bureau ?

Ma : Pensez que vous êtes présents sous cette forme. Pensez continuellement que Dieu se manifeste à travers vous dans ce rôle, dans cette action. Conservez cette conscience que dans tout ce que vous faites, c’est la présence divine qui agit. Toutes les actions révèlent votre essence véritable. Ne considérez pas les actions comme distinctes, car qui agit ? Lui-même. Être attaché aux actions est un obstacle.

Le kriya, c’est l’action juste. Les actions qui ont pour but de révéler votre essence véritable, votre discernement, votre détachement et votre éveil, doivent être effectuées comme le guru l’a dit. Oh, comme c’est beau ! Dans le jeu divin, il ne peut y avoir de distinction entre l'action et l'inaction. Tout est Lui-même, agissant et faisant agir, parlant à la fois sous forme de manque et sous forme d’essence, se manifestant sous forme d’actions.

Tant que vous êtes soumis au domaine du mental, agissez pour dépasser cet état et manifester votre essence éternelle. Suivez les enseignements du Maître pour enlever les voiles et révéler cette lumière intrinsèque.

Question : Ma, qu'est-ce que le kriya yoga ?

Ma : les pratiques du yoga ont pour but de révéler notre l’union éternelle avec Dieu. Il existe deux types d'actions : les pratiques du yoga et l'action orientée vers les plaisirs. L’essence du Soi unique, du Soi Suprême, c’est pour la révéler qu’il y a les pratiques du yoga. Tout ce qui appartient au domaine du mental est une action orientée vers les plaisirs.

Pour manifester cette union éternelle avec Dieu, pour se connaître et se réaliser, combien d’enseignements ont donné les grands sages ? Se connaître, c'est connaître Dieu. Se réaliser, c'est réaliser Dieu. Que vous suiviez la voie de la dévotion, du yoga ou de l’action, en suivant la ligne tracée par le Maître, votre essence véritable sera révélée. Qui suis-je ? D'où est-ce que je viens ? Qu’appelle-t-on monde, univers ? Qu'est-ce qui transcende ce monde ? Qu’appelle-t-on Soi, Être suprême ? Pour répondre à ces questions, il faut avoir un Maître, et suivre ses enseignements.

Tant que vous serez dans le domaine du mental, les questions persisteront. Pour transcender cet état, vous devez suivre les instructions de votre guru. En agissant pour transcender les actions, votre véritable nature sera révélée.

Pour enlever les voiles qui cachent votre essence éternelle, agissez. Ces actions ont comme unique but d’enlever le rideau, et de révéler la lumière de votre Soi véritable.

Question : Ma, qu'est-ce que le "yoga de l'action visant au but ultime" ? Vous avez fait répondre à un de nos frères : « L’unique devoir de l’homme est de lutter constamment pour rester en état de « yoga de l'action visant au but ultime ». On a entendu parler de beaucoup de yogas, yoga de la connaissance, yoga de la dévotion, yoga de l’action, mais ce "yoga de l'action visant au but ultime", qu’est-ce que c’est ?

Ma (riant) : Père pose cette question pour entendre des paroles absurdes ! (tout le monde rit). Ce corps n’a rien appris, il sonne comme on le joue. Père, répondez vous même.

L’interlocuteur : Non, Ma, c’est le moment qui vous est réservé. Cette audience veut l’entendre de vos lèvres saintes : Qu’est-ce que le "yoga de l'action visant au but ultime"

Ma : Narayan, Narayan ! Hari, Hari. Ce qu’on appelle Kriya Yoga, ce qui reste toujours en état d’union, existe pour que l’ultime soit révélé. Le Kriya est présent à chaque instant.Ces actions discontinues se poursuivent continuellement sous forme de respiration. L’effort, existe pour la révélation suprême. En suivant les instructions du guru et en agissant en conséquence, les voiles se dissipent. Ce que j’ai appelé "paramartha" signifie le but ultime, la richesse suprême, le plus grand des trésors. C’est ainsi que le mot paramartha est venu. Père, c’est comme cela que cela m’est venu.

Question : Ma, les disciples ne comprennent pas tout cela. Votre langage appartient à l'état de samadhi (extase spirituelle). Ces gens sont venus de loin. Pourriez-vous expliquer cela de manière plus détaillée ?

Ma : L’action est présente en tout. Dans les cinq éléments – la forme, le goût, l’odeur, le toucher, et le son – le Kriya est omniprésent. Tout est contenu en tout, comme un arbre est contenu dans une graine avec son nombre infini de graines. Ah ! Quelle merveille ! Comment Dieu a-t-Il conçu cela ? Chaque graine contient d’innombrables arbres, avec d’innombrables graines. Il n’y a pas deux feuilles ou deux graines identiques. Dans toutes les  différentes formes et manifestations, dans les arbres, les humains, les animaux, les oiseaux, qui est là ? Le Soi Lui-même. Tout est Lui. Il n’y a rien d’autre que le seul Brahman. En pratiquant les exercices donnés par son guru, concentré sur un seul but, en menant une vie disciplinée, on reçoit la grâce, la force spirituelle nécessaire pour enlever les voiles. Par sa pratique des Kriyas, on se découvre soi-même. Il n’y a pas d’autre. Le yoga du but suprême consiste simplement à lever ce voile. La richesse suprême, se réaliser, est déjà là. Oh ! Mais qui est dans ce voile ? C’est Lui-même ! Peu importe la lignée empruntée, vous atteindrez ce "Un". L’univers entier, est ce "Un".

Les grands saints répandent leur grâce. Ceux qui en ont la capacité la saisiront. Dans le royaume de Dieu, le miracle est que  là où vous frottez, le feu apparaîtra ; là où vous creusez, un moment arrivera où l’eau jaillira. De même, en pratiquant le Kriya Yoga, on arrive au point où l’illumination se produit. De grands sages qui nous donnent leur darshan et font pleuvoir ce qui est immortel, est-ce qu’il faut vraiment qu’au lieu de leur demander des explications,ils fassent parler cette enfant en leur nom ? Ils la respectent, car elle leur appartient. N'est-ce pas, Père ?

Question : Et ensuite ?

Ma : Dieu dit que quelque soit le chemin que vous prenez, si vous pratiquez vous finirez par Me trouver. Que vous teniez doigt, main ou pied, c’est toujours moi que vous tenez.

En suivant cette méthode, vous L’atteindrez . Sous forme d’’ignorance, sous forme de connaissance, Il joue avec Lui-même. Chacun adoptera ce qui lui est favorable. Pour transcender l’imaginaire, pour ouvrir la voie à la libération, pour se réaliser Il se trouvera par la pratique qu’Il fera. Il n’y a qu’un seul être. Vos yeux, oreilles, bouche, mains, et pieds composent un corps, vous ne trouverez que l’Unique, il n’est pas question de deux. Vous ne pouvez trouver qu’Un, pas deux. Eko Brahma Dwitiyo Nasti (Il n’y a qu’un Brahman, pas de second). La forme, le goût, l’odeur, le toucher, le son, la connaissance, l’ignorance, les voiles, la destruction, l’éternité – tout cela, c’est Lui. Quel que soit le chemin tout est Lui. Père, Narayan, Narayan, Narayan.

Responsable de la réunion : Les participants à la semaine de retraite doivent avoir compris ce que Ma entend par « Yoga du but suprême ». La façon de parler de Ma est en fait la langue du samadhi. Elle est comprise lorsque vous écoutez avec une concentration totale. Par 'Parmartha Kriya Yoga', Ma signifie « action faite avec la conscience du divin ». Quelles que soient les activités que vous faites du matin au soir, toutes ces actions, sentiments et pensées sont accomplis par Dieu. Voir toutes ces actions, sentiments et pensées comme Dieu, c’est cela le Yoga du but suprême.

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Enseignement

Dans la vie laïque, servez votre mari comme le Mari Suprême, adorez votre femme comme la déesse du foyer, les enfants comme Krishna enfant ou la Kumari, considérez votre maison comme un temple, si vous avancez avec cet état d’esprit, votre pensée sera fixée sur Dieu. Considérez-vous comme un instrument dans la main de Dieu, « nous faisons ce qu’il nous fait faire, là où il nous a mis. Restez mentalement unis à Dieu, et le chemin de sa réalisation s’ouvrira. Ayez ce sentiment : « Ô Seigneur, tout cela est ton action, tu as créé le monde, tu me fais agir, je suis le serviteur, je sers ». Si vous gardez cette conscience, la lumière viendra. Si tu as un ego, utilise-le aussi dans l’action pour Dieu, pense que tu ne feras rien d’autre qu’agir pour Dieu. Fais fonctionner l’ego dans l’action pour Dieu : « je ferai ceci, je ferai cela », ton mental s’y fixera et le chemin vers Dieu s’ouvrira automatiquement. Faites tout ce que le guru vous dit et suivez la direction qu’il vous a donnée.

Dieu a donné à chacun le pouvoir de se connaître soi-même, de L’atteindre. Il a également dit : « Suivez ce chemin, pour l’atteindre il y a le Nom, suivez ce chemin. » Le Nom et le nommé sont identiques. En répétant le nom de Dieu, comme assis au pied d’un arbre, le Nommé apparaîtra tôt ou tard, Dieu donnera certainement la graine. Si vous maintenez cette conscience du but sous un tel nom et une telle forme, il se manifestera de lui-même. Ce mental que Dieu vous a donné, offrez-le-lui. Offrir vos actions à Dieu et faire toutes les actions de notre corps avec la conscience de Dieu, quelle que soit l’action que vous devez accomplir, vous devriez avoir ce sentiment. Que va-t-il se passer ? Toute action sera imprégnée de Dieu et toute votre action sera dévotion.

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Question : Ma, qu’appelle t’on kriya ? Combien de temps faudra-t-il en faire ?

Ma : kriya signifie action véritable. L’action qui est là pour devenir une incarnation de la lumière, du discernement et du renoncement devra être accomplie selon l’enseignement du guru, il va falloir le faire. Dans la lila divine que Dieu joue éternellement, il n’y a pas de distinction entre action et non-action. Lui seul fait et manifeste par ces actions. Tant qu’on est sous la domination du mental, il faut être actif pour transcender cela et arriver à un stade au-delà de l’action. La nature du Soi doit être révélée grâce à une pratique régulière, en adhérant aux enseignements de son guru. A force de suivre ces instructions, on atteint un niveau tel qu’instructions et actions s’arrêtent. Quand cette étape viendra, quand il y aura une vraie lumière, alors agir ou non n’aura plus d’importance. Dieu n’est pas lié par l’action, et l’illumination ne dépend pas de nos actions.

Voilà ce que tu peux faire : Pendant tes déplacements dans le courant de la journée, garde la conscience d’être un instrument dans la main de Dieu. Dieu a tout créé pour son jeu divin. Essayez de garder ce sentiment pendant que vous agissez. Vous ne pouvez pas tout le temps faire du jap et méditer, faites au moins cela.

Quand vous vous réveillez le matin, que vous preniez une douche ou non, rappelez-vous :  'Oh Dieu, je suis à toi, tu es mon abri, je fais ce que je fais comme ton instrument. Pratiquez comme votre guru vous l’a dit, que ce soit jap ou kriya, et matin et soir consacrez un moment fixe pour cela. Même si vous ne pouvez pas le faire en permanence, faites-le au moins à ces moments-à. Graduellement, cela vous amènera à vous concentrer sur Dieu, et le chemin de la réalisation divine s’ouvrira de lui-même. Du lieu d’où vient l’imagination et d’où vous êtes né, si vous avancez avec le désir d’atteindre Dieu, et pratiquerez en suivant l’enseignement du guru, vous Le trouverez. Voilà.

Question :  Que faut-il faire en travaillant au bureau ?

Ma : Pensez que c’est Dieu qui se manifeste sous cette forme.

Question : C’est difficile, pas pour le juge, c’est difficile pour l’avocat. (C’est un avocat qui pose cette question)

Ma : Garde la conscience que Dieu est tout cela, joue ce rôle. Contemple cela. Garde la conscience du Soi dans toutes les actions. Ta vraie nature se révélera à travers elles.

Ne séparez pas vos actions de la compréhension « C’est Lui seul » Quel est le pouvoir derrière les actions ? C’est Lui seul. Qui est le pouvoir ? C’est Lui. Que vous soyez au tribunal ou ailleurs, L’oublier est un obstacle. Être attaché au résultat de ses actions est aussi un obstacle.

Hatha Yoga

Question : A quoi sert le Hatha Yoga ?

Ma : Que signifie "hatha" ? Cela signifie faire quelque chose de manière volontaire. Il y a une différence entre "cela arrive" et "faire". Dans "cela arrive", là où réside la force vitale, sa lumière brillera naturellement. Cependant, s'il ne s'agit que d'un exercice physique, cela n'apportera aucun changement au mental. L’exercice physique donne de l’agilité aux mouvements du corps. Souvent, on entend dire que cesser les postures provoque des douleurs dans le corps. Le corps s’affaiblit sans une nutrition adéquate, le mental aussi a besoin de nourriture. Lorsque le mental est nourri, il se dirige vers Dieu. En revanche, la nutrition matérielle le dirige vers la vie ordinaire. Un simple exercice physique est une nourriture pour le corps.

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Enseignement

Par ses propres efforts, on doit passer de "faire" à "cela arrive". Cela signifie aller au-delà de ce qui se produit par l’élan de la pratique. À ce moment-là, on se trouve dans un certain état, qui n’est compris que lorsqu’il est atteint. Les bienfaits du Hatha Yoga n’apparaissent qu’à ce stade. La force et la vitalité acquises grâce au Hatha Yoga, si elles sont dirigées vers Dieu, ne diminuent pas. Sinon, cela cesse d’être du yoga et devient quelque chose qui fait plaisir.

C’est seulement lorsque l’état "cela se fait tout seul" est atteint que le vrai bénéfice du Hatha Yoga se manifeste. Si l’on n’est pas orienté vers Dieu, le Hatha Yoga n’est qu’une simple gymnastique. Tant que l’on n’atteint pas naturellement l’union avec le divin, on ne peut pas dire qu’on a obtenu les véritables bienfaits. On entend souvent dire que des pratiques comme le neti, le dhauti et d’autres kriyas yogiques peuvent entraîner de graves maladies. Une fois, à Nainital, j’ai vu un garçon dont la santé avait été ruinée à cause du Hatha Yoga. Il souffrait d’une diarrhée continue. Lui et plusieurs de ses compagnons avaient décidé de maîtriser ce yoga, d’ouvrir un collège et de l’utiliser pour connecter tout le monde à Dieu. Mais ils y ont laissé leur santé.

S'il y a des enseignants compétents, ils comprennent la progression de la force vitale du disciple et le guident en conséquence, soit en le faisant avancer, soit en le faisant reculer, comme s’ils tenaient toujours le gouvernail d’un bateau. Sans cette surveillance, les pratiques yogiques ne sont pas bénéfiques. Ceux qui guident doivent avoir une connaissance directe et approfondie de chaque état et de chaque action, les avoir personnellement expérimentés, car ils sont les médecins de l’état suprême. Sans l’enseignement d’un enseignant réellement compétent, il y a un risque de problème.

Que ce soit le Hatha Yoga, le Raja Yoga ou toute autre pratique, sans une dévotion pure envers Dieu, il peut y avoir des problèmes. En pratiquant les asanas, vous remarquerez qu’ils commencent à se faire naturellement. Quel en est le signe ? Il y a un sentiment d’unité, une essence unique, et un souvenir constant de Dieu. Ce n’est pas la même chose que les actions habituelles réalisées dans les tâches quotidiennes. Cela peut illuminer naturellement et spontanément de l’intérieur. C’est pourquoi le sentiment de méditation permanente émerge. Le mental est toujours orienté vers Dieu.

Certaines personnes ressentent spontanément le désir de pratiquer les asanas. S’il n’y a pas d’orgueil dans cette pratique, il devient plus facile de s’harmoniser avec le flux naturel. Sinon, si l’esprit reste attaché au corps, ce n’est que de la gymnastique.

Une personne malade se fatigue en bougeant. La respiration devient rapide. En général, selon la manière dont chacun s’assied et marche, le rythme de la respiration change, mais cela passe inaperçu. Lorsqu’il est contrôlé, on peut vouloir maintenir le rythme à un certain niveau. Quand vous pratiquez des sanas, au début, vous ne savez pas s’il faut inspirer ou expirer en avançant une jambe ou en la reculant. Cela provoque des incohérences. Pourquoi ? De la même manière que, quand on ne sait pas le faire, on tâtonne en essayant d’ouvrir un objet. Quand l’sana est maîtrisé, on a l’impression que le mouvement de la jambe s’harmonise naturellement avec la respiration. La puissance du guru devient évidente lorsque la respiration se synchronise avec l’asana. Au départ, on ne le savait pas. Maintenant, c’est clair.

Le mouvement ascendant du souffle vital est aidé par la posture du coq, qui aide à atteindre le contrôle de soi.

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Question : Lorsque des kriyas spontanés se produisent, l’action elle-même agit. Comment résoudre le doute sans la présence d’un guru ?

Ma : "Il y a deux types d’activités. En réalité, il y en a une infinité, mais elles partagent toutes certains aspects. Quand vous commencez à pratiquer un asana, il parle lui-même, tout comme nous nous parlons les uns les autres. Comment ? Quand la lumière divine pour laquelle l’asana est pratiqué se manifeste, elle se révèle à travers l’asana.

Question : Ma, a-t-on besoin de pratiquer des asanas et des pranayama ?

Ma : Pourquoi pas ? La respiration est toujours là. Parfois, alors qu’on pense à quelque chose, on reste poumons vides ou on fait une posture de yoga. C’est-à-dire qu’on s’assied d’une certaine façon, ou qu’on se concentre sur un certain sujet, et le mental se concentre d’une façon particulière. Cela se produit spontanément.

Il est essentiel de pratiquer la posture ou le rythme respiratoire qui amène l'esprit à réfléchir sur lui-même. Ceux dont l'esprit s'oriente spontanément vers le Soi n'ont pas besoin de pratiquer asanas et pranayama. En contemplant Dieu, leurs asanas et pranayama se produisent spontanément. Chaque asana éveille une activité particulière. Pendant ces activités, les asanas appropriés se manifestent naturellement.

On peut observer cela même dans les activités quotidiennes. En y prêtant un peu d'attention, cela devient évident. En observant votre manière de vous asseoir, on peut deviner dans quel état d’esprit vous êtes à ce moment-là. En regardant vos yeux, ou même en entendant votre voix ou en regardant comment vous écrivez une lettre, votre caractère se révèle. C'est aussi clair que de voir son visage dans un miroir.

Question : Que sont l'esprit et la force vitale ?

Ma : Je dis : considérez un arbre qui pousse. Cette force d’action est ce que vous devez comprendre comme le mental.  Ce qui soutient cette force d’action, qui lui permet d’agir, c’est la force vitale (prana). Sans prana, où est la manifestation de l’action ? À cause du mental, vous percevez tout sous différentes formes. La nature du mental est d’accepter une chose et d’en rejeter une autre. Tous les désirs et toutes les impulsions appartiennent au domaine du mental. Le prana est le grand moteur de vie ; il existe en tant que prana lui-même et se manifeste ensuite sous toutes les formes.

Narayan Swami Ma, aujourd'hui nous avons discuté avec Gopinath Kaviraj Mahashay de la façon dont le jiva conserve toute la connaissance dans le ventre de la mère et, à la naissance, cette connaissance est oubliée. Comment se fait-il que le souffle se divise en quatre parties à la naissance ?

Ma : Tu connais tes écritures ; ce corps parle d'une manière différente. Il y a quelques jours, alors que je voyageais en voiture, j'ai remarqué qu'on retirait la roue et qu'on remplissait le tube d'air. Lorsque l'air est sorti, le tube s’est dégonflé comme s'il était divisé en plusieurs parties, en se remplissant d’air, il est devenu soudainement rond et uniforme avec le même air partout. De même, en répétant le nom de Dieu, en méditant et en faisant d'autres pratiques, lorsque le processus de pranayama se produit dans le corps de certaines personnes, il tremble et se redresse naturellement. Un pouvoir divin joue dans le corps, et les postures se produisent d'elles-mêmes. Une fois cet état devenu stable, le souffle n'est plus divisé en quatre parties ; tout devient un et uniforme, conduisant à l'éveil de la connaissance.

Ce n'est pas seulement par des pratiques comme le hatha yoga que cela se produit ; cela peut aussi se produire en chantant le nom de Dieu. La syllabe est également le Seigneur. Il faut prêter attention au nom de Dieu. En chantant Haribol, d'autres mantras sont également prononcés et la façon de s'asseoir change naturellement.

Question. Le Hatha Yoga est-il aussi un chemin ?

Oui, le Hatha Yoga est aussi une voie, mais s'il n'est pas pratiqué correctement ou sans en expérimenter la véritable essence, il est souvent abandonné après un certain temps. J'ai vu des personnes pratiquer le jeûne extrême ou ne pas dormir, ce qui conduit à la maladie. Si la véritable essence n'est pas expérimentée de l'intérieur, on ne peut pas atteindre le véritable Hatha Yoga. La pratique ne fonctionne que lorsque son goût intérieur est éveillé.

J'ai vu des gens qui gardent les bras levés en l'air, si cela correspond à leur pratique, c'est bien, mais souvent, des préoccupations concernant nom, réputation et statut persistent. Un frère m'a raconté qu'il allait autrefois à l'université et qu'il avait l'habitude pratiquer un peu de jap. Comme ce n'était pas encore l'heure de l'université, il s'est assis sous un arbre et a commencé son jap. Il n'arrêtait pas de penser à quel point ce serait bien si les gens le voyaient pratiquer. Tout cela fait obstacle à la pratique spirituelle. Ceux qui expérimentent l'essence intérieure pratiquent intérieurement sans rechercher visibilité, réputation, ou louange. Le nom de Dieu doit être chanté avec la plus grande sincérité. Dieu récompense la sincérité. Toutes les pratiques doivent être pures et véridiques. Le type de pratique doit correspondre au type de travail.

Le Hatha Yoga peut être efficace s’il y a une véritable sincérité intérieure. Tout travail doit être fait en se concentrant sur Dieu. Pratiquez en faisant confiance à Dieu Si la sincérité est réelle, le résultat complet sera atteint. Si les sentiments sont mitigés, le résultat sera également mitigé. La pratique doit être uniquement destinée à réaliser Dieu.

Chakras et nœuds

Enseignement

Les couleurs que vous voyez sur ces images ne sont qu'une décoration extérieure. Le corps humain, constitué de moelle et d'autres substances, contient également des chakras formés des mêmes éléments. La différence réside dans leurs structures spécifiques, tout comme la particularité des lignes des mains, des yeux, des oreilles ou du nombril. Les variations de couleurs, de formes et de sons dans les chakras se révèlent grâce aux flux d'énergie vitale et aux courants d'air. Lorsqu'on respire, on peut se demander ce que sont ces éléments. À ce moment-là, les réponses sortaient de ma bouche, révélant clairement ce qui se trouve en chaque lieu.

La structure unique de chaque chakra m'apparaissait, semblable à celle de ces images. Par la dévotion, la prière, les chants, la méditation, la réflexion philosophique et les pratiques yogiques faites avec concentration, ces nœuds (granthis) s'ouvrent l'un après l'autre. Autrement, on ne peut pas échapper aux cycles de désir et de colère.

J'ai vu qu'il y avait beaucoup de nœuds subtils au-dessus du Mūladhara (chakra racine), certains importants. Ils sont représentés ici. Je n'ai pas dessiné cela volontairement, ma main a bougé d'elle-même pour créer ces images. Souvenez-vous, dans les connexions de ces nœuds et des canaux d'énergie (nadīs), les impressions liées à la naissance et à la mort de l'homme sont gravées sous forme de perceptions de formes, de goûts, d'odeurs et de sensations. Les énergies de l'air et du prana circulent à travers, parfois vite et parfois lentement, influençant les actions et les émotions humaines.

Tout comme au-dessus de la terre se trouve l'eau, au-dessus de l'eau se trouve le feu, puis l'air, et enfin l'espace, de même, le corps humain contient cinq centres principaux. En méditant un peu, on peut comprendre que lorsque l'esprit est pur et joyeux, le souffle vital monte naturellement. L'eau prend sa source dans un étang, et la sève de l'arbre dans ses racines. De la même manière, une grande force vitale dort dans le bas de la colonne vertébrale. Avec foi et patience, la vibration de l'air due à des pratiques pures, internes comme externes, stimule ces canaux principaux, éveillant la force dormante du Mūladhara, qui monte progressivement en traversant chaque nœud. À mesure qu'elle monte, l'inertie et les impressions enracinées diminuent.

À chaque fois qu'un nœud est ouvert, l'attachement aux formes et aux plaisirs sensuels s'affaiblit. Lorsque cette énergie ascendante atteint le centre supérieur (Sahasrara), le souffle vital devient pur et fluide. À ce stade, le pratiquant commence à expérimenter la nature fondamentale du Soi, du monde et de la création. Lorsqu'il atteint cet état, les racines profondes des impressions passées sont détruites, et la méditation s'élève vers des niveaux de plus en plus avancés. Finalement, le chercheur atteint le stade ultime, réalise sa vraie nature et atteint la paix en état de samadhi.

Lorsque ces nœuds s'ouvrent, le chercheur entend d'abord divers sons. Parfois, il lui semble que des sons de cloches et de conques se fondent dans un océan de sons universel. À ce moment-là, aucune chose ou émotion extérieure n'attire l'esprit du chercheur. Plus il progresse, plus il se rapproche du flux de nectar de cette résonance divine, jusqu'à ce que son esprit atteigne une stabilité complète dans ce grand son.

Le cœur est bien le lieu de toutes les expériences de joie et de douleur, n'est-ce pas ? En réalité, il est le trône de Dieu. Si celui à qui appartient ce trône n'y est pas installé, la paix éternelle reste inaccessible. Placer quelqu'un d'autre sur ce trône provoque inévitablement de l'agitation, car cette personne ne peut respecter sa sainteté. C'est pourquoi nous devons nous efforcer de n'y installer que Celui qui en est le véritable propriétaire. Il est toujours présent sur ce trône ; le but de nos pratiques est simplement de révéler sa présence. Lorsque cela se produit, les impressions limitées liées aux formes disparaissent, et une lumière multicolore éclot au centre du front, au chakra Ajna.

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Question : Ma, combien y a-t-il de chakras ?

Ma : Supposez que vous prenez un train pour atteindre une station unique. Bien qu’il n’y ait qu’une station, en arrivant, vous découvrez des tas de choses. Vos livres parlent de six chakras, mais ceux qui les ont traversés savent qu'il y en a bien plus, contenant d'innombrables éléments.

Question : Comment percer ces chakras ?
Ma : Faites votre jap avec un mental concentré. Pour rester concentré sur un but unique, pratiquez de différentes façons : récitez des mantras, méditez, participez à des satsangs, des kirtans et étudiez les écritures.

Question : Ma, quand le nœud est-il percé ?
Ma : Les nœuds ne sont brisés qu’à la réalisation de « Il n’y a que cela ». C’est alors seulement que l’on peut espérer la réalisation.

Question : Ma, hier vous avez dit que lorsque le nœud s’ouvre, on expérimente la grâce sans cause. La rupture du nœud et le percement des six chakras, est-ce la même chose ?
Ma : Oui, c’est la même chose. Comme une flûte en bambou ne peut produire de son s’il y a un nœud, les nœuds intérieurs de désir et d’attachement empêchent d’être un instrument dans les mains de Dieu. Une fois le nœud disparu, Dieu le prend dans ses mains et fait entendre Sa mélodie.

Question : Pendant l’ouverture des chakras, en prend-on conscience progressivement, ou lorsque tout est percé ?
Ma : Au fur et à mesure.  Comme vous sentez votre estomac se remplir en mangeant, vous devenez conscient de chaque ouverture au moment où elle se produit.

Question : Qu'est-ce qu'un granthi ?
Ma : Un nœud.

Question : Ma, quelle est la signification de l’ouverture des nœuds ? Comment le granthi est-il coupé ?

Ma : Tant que le granthi n’est pas ouvert, l’illumination divine ne se produit pas. Par conséquent, suivez ce que votre guru vous demande de faire. Le guru coupe les nœuds. Par la grâce, tous les nœuds disparaissent. Jusqu’à ce que l’ouverture des granthis ait lieu, on reste empêtré dans les mêmes illusions, tournant en rond continuellement. Vous resterez ici pendant sept jours, et cela portera ses fruits. Rappelez-vous que le temps que vous passez en contemplation divine aura un bel effet. Même pendant les moments où vous engagez des conversations, vous recevrez les fruits de ces actions. Les fruits correspondront à ce que vous faites ; si vous vous engagez dans des discussions, des attachements et des actions superficielles, vous récolterez les résultats correspondants.

Ah, comme c’est beau ! Si une personne se met en colère ou est contrariée par le manque de confort, l’ouverture des nœuds ne s’est pas faite. C’est pourquoi ces états se manifestent. Malgré la dévotion, si l’ouverture des nœuds n’a pas eu lieu, on se retrouvent coincé au milieu. Les tendances négatives surgissent, la colère émerge, et ces tendances éloignent de Dieu. Ces tendances ne disparaîtront que lorsque l’attention sera uniquement portée sur Dieu. L’attention augmentant et l’état progressant, il viendra un moment où l’on ne désirera entendre parler que du divin, et rien d’autre. Sans cet état, l’esprit reste agité et instable.

Le Seigneur, qui garde les êtres piégés dans les illusions et plaisirs mondains, fournit également le chemin vers la libération. Le moyen de se libérer des attaches mondaines et de rester stable sur le bon chemin est de suivre les instructions du guru et de s’efforcer de rester en état d’union. C’est le devoir d’un être humain.

Tant que l’ouverture des nœuds ne se produit pas, le chemin ne s’ouvre pas. Tout le monde doit reconnaître que pour la réalisation de Dieu, il faut un désir et un effort persistants. Les questions surgissent, et au fur et à mesure que les réponses sont reçues et apportent des solutions, il faut s’efforcer d’avancer étape par étape. Les réponses viendront une à une ; le fait que des questions se posent indique le début de l’apprentissage. Lorsque l’étude commence, des questions surgissent, mais ceux qui ont réussi (atteint la réalisation) n’ont plus de questions, et ceux qui n’ont jamais étudié n’ont pas de questions non plus. Le processus d’apprentissage et de questionnement est bon, car il ouvre le chemin.

C’est l’essence : sur le chemin de la Kundalini, tel qu’expliqué dans les traditions tantriques et védiques, l’ouverture des nœuds doit se produire. Quelle que soit la méthode ou la tradition suivie, l’ouverture des nœuds est essentielle et doit se produire.

Question : Ma, qu’est-ce que l’on appelle l’ouverture du nœud du cœur dans les Écritures ? Est-ce simplement l’abandon de l’identification au corps ou bien un autre état ?

Ma : Narayaṇa ! Narayaṇa ! Le nœud du cœur, la croyance qu’on est un corps, est un concept magnifique. Baba, lâcher prise sur la conscience d’être un corps mène à de nombreuses réalisations, mais le nœud du cœur, qui est également appelé le percement des chakras, n’est pas complet tant que tous les nœuds n’ont pas disparu.

Oh ! Laissez-moi partager quelque chose d’important : tout le monde devrait garder à l’esprit que la réalisation ne dépend pas uniquement des actions de chacun. Il existe un état, un lieu où, tout comme la pluie tombe, les actions se déversent également, ainsi que l’énergie divine et la grâce de la puissance divine.

Pendant ce temps, les récipients de ceux qui les tiennent à l’endroit se remplissent, et ceux qui les tiennent à l’envers manquent de tout. La grâce divine se déverse constamment, et ceux qui la reçoivent correctement en bénéficient. C’est fondamental.

Question : Ma, je n’ai pas bien compris. Tout n’est-il pas accompli en abandonnant l’identification au corps ?

Ma : Ce corps a dit : en effet, de nombreuses réalisations se produisent. Cependant, à chaque étape, différentes choses se manifestent. Vous avez mentionné les nœuds, et en brisant ces nœuds, on peut être libéré de la croyance d’être un corps. Cela peut également marquer une conclusion, mais le chemin continue à l’infini. Jusqu’à ce qu’il y ait une illumination complète, englobant tout l’univers et au-delà, la pleine manifestation de la lumière dans le mental ne se produit pas.

Question : Ma, je ne comprends toujours pas complètement.

Ma : Oh, Baba, comprendre, c’est comme cela ; au Bengal, ils disent : « Ami ekhono bujhte pari nai » (Tout le monde rit). Ce corps dit : vous retirerez un poids de votre tête seulement pour en mettre une autre. Entre une charge et une autre, il n’y a pas de lumière, mon cher. Comprenez-vous ? Entre les deux, il n’y a pas d’illumination.

Dans le royaume du mental, le concept de compréhension et de non-compréhension existe. En brisant les nœuds, on peut être libéré de l’identification au corps, mais l’intellect reste dans le domaine mental. De nouvelles actions peuvent conduire à une illumination complète. Ce n’est que lorsque le nœud principal est correctement percé que l’on peut faire l’expérience de l’illumination éternelle complète.

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Enseignement

Ma commença à parler :

"Il y avait divers états par lesquels ce corps est passé, que je ne peux pas décrire. Parfois, en étant assise, mes yeux se levaient de telle manière que les gens en étaient effrayés en le voyant. Le visage, bien que beau, prenait une apparence inhabituelle. On pourrait se demander pourquoi cela arrive. En observant les postures et gestes du corps, les gens prennent peur. Savez-vous pourquoi ? Vous parlez des six chakras, mais moi, je dis qu’il y a de nombreux nœuds dans tout le corps. Vous parlez de faire Tratak (voir chapitre consacré) avec les yeux, mais moi je dis que tout le corps peut faire Tratak de la même façon. Il devient évident qu’avec les différentes parties du corps, les nœuds dans la tête, les mains, les jambes, les os, les muscles, les doigts, etc. continuent à s’ouvrir. Avec les différentes postures, la respiration change. C’était un état extraordinaire. Tout s’est produit de manière autonome — Hathayoga, Rajayoga et tout ce dont vous parlez s’est manifesté dans ce corps. En touchant un point, un niveau est atteint. Tant que la pratique reste intérieure, il y a des niveaux ou des étapes."

Ma poursuivit : Savez-vous à quoi ressemble l’étape suivante ? C’est comme lorsque vous parlez d’un ascenseur ou quelque chose de similaire. Vous restez tranquillement dans l’ascenseur pendant qu’il vous emmène au deuxième ou au troisième étage. À ce moment-là, vous ne faites aucun travail. Tout ce qui est au-dessus et au-dessous devient égal pour vous. Le mouvement se fait automatiquement selon le besoin. Il n’y a pas besoin de faire d’effort, ou vous pouvez dire qu’il n’y a plus rien au-dessus ou au-dessous de vous. Ensuite, diverses graines émergent.

Les Asanas se produisent selon l’état intérieur de la personne. Chaque Asana est associé à un état intérieur spécifique. Par exemple, la posture en mangeant est différente. Se coucher pour dormir est aussi un Asana. Lorsque vous êtes plongé dans des pensées matérielles, le corps adopte une posture ou un Asana particulier. Le rythme de la respiration change, et on peut voir que vous êtes absorbé par des pensées matérielles. La posture facilite ce type de pensée, d’où la posture spécifique. De même, lors de la contemplation spirituelle, des Asanas se manifestent naturellement, et la rétention, l’expiration et l’inspiration se font également toutes seules. Lorsque ces Asanas et ces respirations se produisent d’elles-mêmes, vous devez comprendre que les nœuds se sont ouverts.

Ce cœur est le siège du Divin. Dieu y est toujours assis. Pour bien comprendre ce sujet, il faut s’engager dans une pratique spirituelle. Dieu est éternellement sur Son siège. Comment ce siège peut-il être respecté si des choses éphémères, qui viennent et repartent, y sont placées ? La nature des choses éphémères est de venir et de repartir, et cela fait du mal au cœur. Si l’occupant légitime du siège n’y est pas placé et qu’un autre est assis à sa place, la souffrance est inévitable.

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Question : Ma, on dit que le chant du Pranava (OM) ouvre les nœuds. On dit aussi que ces nœuds dans le corps sont entremêlés comme des cheveux emmêlés. Est-ce que la résonance de Pranava ou l’attraction du mantra-racine les ouvre ?

Ma : Oui, la résonance du Pranava les ouvre. Mais, père, si ces nœuds ne s’ouvrent pas, ou si quelqu’un dit qu’il a chanté le OM un nombre incalculable de fois mais que rien ne s’est produit, il faut comprendre que le chant du OM n’a pas été fait correctement. Oui, le mantra-racine peut ouvrir les nœuds. Le OM contient la graine, et la graine contient le OM. Tout est contenu dans tout. Cependant, le point essentiel est que si les nœuds ne s’ouvrent pas, cela indique que le chant de Pranava n’a pas été fait correctement.

Question : Les nœuds s’ouvrent-ils lorsque Pranava est chanté, ou Pranava est-il chanté lorsque les nœuds s’ouvrent ?

Ma : Les deux se produisent simultanément. C’est comme dire que lorsque le pilon frappe le sol, il pénètre la terre, et inversement, on dit que parce que la terre se fend, le pilon y pénètre. Tout est contenu dans tout.

Question : Les granthis peuvent-ils être considérés comme l’emplacement du cœur ?

Ma : Oui, les granthis de Brahma, Vishnu et Rudra — représentant les chakras Muladhara, Anahata et Ajna — sont tous des centres de l’expérience yogique d’un chercheur et peuvent donc être considérés comme le cœur. De plus, pour certains yogis, le cerveau et le Sahasrara sont aussi considérés comme le cœur.

Question : Dans le satsang d’hier, vous avez mentionné que sans la rupture des granthis, le vrai Soi ne peut être révélé. Ma question est : qu’est-ce que les granthis, et comment sont-ils brisés ?

Ma : Granthi renvoie aux réactions et contre-réactions de votre mental. Lorsque quelqu’un parle durement, vous êtes blessé ; lorsque quelqu’un parle gentiment, vous êtes heureux. Cette fluctuation d’émotions — plaisir et douleur — est ce qu’on appelle granthi. La rupture de ces nœuds se produit en suivant les enseignements du Guru, en vivant de façon disciplinée et en obéissant à ses instructions.

Kundalini Shakti

Question : Ma, dort-on lorsque l'énergie complète de la Kundalini est éveillée ?

Ma : Cette question ne se pose même pas. L'énergie éveillée de la Kundalini et le sommeil ne peuvent se produire simultanément. Dès qu'il y a un contact même ordinaire avec l'énergie de la Kundalini, une personne change. Ses manières, son langage, et ses mouvements changent.

L'éveil complet est un véritable éveil. L'éveil jusqu'au Sahasrara est l’Éveil. Une vibration momentanée dans le Muladhara (le chakra racine) n'est pas un éveil complet. Lorsque la Kundalini s’éveille, L’accroissement d'une énergie ordinaire ou de vibrations physiques n'est pas l'illumination totale, ce n'en est qu'un contact. Il doit y avoir une expression de calme. Il faut observer jusqu'à quel point le désir sexuel et la colère ont diminué ; cela indique les progrès dans la pratique. Le terme 'état calme' ne signifie pas un état d'inertie. Dans un état calme, il y a l'illumination de la connaissance.

Question : Mère, quels sont les signes que l'énergie Kundalini s'éveille ?

Ma : De la même manière que vous n'avez pas besoin de demander à quelqu'un si votre estomac est plein après avoir mangé, de même, une fois que la Kundalini s'éveille, on n’a plus besoin de se poser la question.

Quelqu'un est venu voir ce corps et a dit : Je ne suis pas intéressé par le travail ; mon mental est absorbé dans le samadhi. L’énergie Kundalini est éveillée en moi. En l'écoutant, la réponse a été : Tant qu'il y a "je" et "mien", il n'y a pas de samadhi, et la Kundalini n'est pas éveillée. Lorsque le véritable samadhi se produit, tout cela cesse d'exister. Par conséquent, ce n'est pas un véritable samadhi, ni l'éveil de l'énergie Kundalini.

Question : Je ressens des prémonitions, de la clairvoyance, des rires, des pleurs, et d'autres réactions variées. Pourquoi cela se produit-il ? Quelle est cette force à l'œuvre ?

Ma : Cela se produit lorsqu'un certain canal d’énergie s'ouvre grâce à la pratique. Tout cela est un jeu du mental, du domaine de l'esprit.

Question : Quels sont les signes de l'éveil de la Kundalini ? Comment savoir si la Kundalini s'est éveillée ?

(Ma : En réponse à cette question, la Mère a raconté un incident) Quelqu'un a dit un jour à ce corps : Ma, ma Kundalini s'est éveillée. À cela, ce corps a répondu : 'Oh ! La Kundalini s'est éveillée et pourtant le "je" demeure ?

En réponse à l'explication de la Mère, Swami Swatantranand Ji, qui était assis sur les gradins, a approfondi le sujet en racontant un incident. Il a mentionné qu'une fois, en voyageant en train avec Shri Gopinath Kaviraj Ji, ils avaient eu une discussion approfondie sur l'éveil de la Kundalini et sa nature. Selon les Écritures, la réalisation du Brahman est appelée éveil de la Kundalini. Lors de la réalisation du Brahman, l'ego se dissipe, et le sentiment de "je" et de "mien" n'existe plus. Par conséquent, tant qu'il existe un sentiment de "je" et de "mien", la Kundalini doit être considérée comme dormante. L'élimination du sentiment de "je" et de "mien" est le critère incontestable de l'éveil de la Kundalini.

En raison de l'ouverture d'un canal spécifique, diverses fonctions corporelles et de nombreux types d'expériences subtiles extraordinaires peuvent se produire. Cependant, on ne doit pas développer de fierté ou d'ego au sujet de ces expériences, les prenant à tort pour un éveil de la Kundalini. Toutes ces activités et expériences mentales sont, selon les paroles de Ma, simplement des activités mentales. Ainsi, le pratiquant erre toujours dans le domaine du mental. Il n'a pas transcendé l'esprit, et par conséquent, toute forme d'ego concernant ces expériences est futile. Cet ego crée des obstacles pour progresser davantage sur le chemin spirituel.

Samadhi

Question : Qu'est-ce que le samadhi?

Ma : Le samadhi est l'état où toutes les actions et émotions trouvent leur dissolution complète. C'est un état qui transcende à la fois la connaissance et l'ignorance. Ce que vous appelez savikalpa (samadhi avec reste) est aussi une pratique qui mène à cet état ultime. Au début, on se concentre sur un des cinq objet des sens - forme, saveur, odeur, toucher ou son, et la méditation s’approfondit. Ensuite, cet objet devient omniprésent, dissolvant l'ego et établissant une conscience unique. Si cet état progresse, cette conscience unique disparaît également. À ce moment-là, il n'y a plus ni 'cela est' ni 'cela n'est pas', et il n'existe aucun langage ni expérience pour le décrire.

Question :  Ma, qu'appelle-t-on "samadhi" ?

Ma : Père, je dis que samadhi signifie simplement la dissolution totale des émotions et des actions. Lorsque l'on atteint une vision ininterrompue et un état émotionnel ininterrompu, une stabilité ininterrompue émerge de la conscience ininterrompue. C'est alors que se manifeste le samadhi avec reste. C’est l’arrêt total des émotions et des actions. C'est comme plonger dans l'eau pour se baigner complètement - aucun membre ne reste sec. D'un point de vue ordinaire, après une journée de travail, de repas et de boisson, vous dormez profondément la nuit.

Il y a aussi une forme de samadhi pendant lequel seule reste la conscience d’exister, et rien d'autre n'est perçu, et aussi une autre forme, samadhi sans reste, état pendant lequel rien ne reste, ou plutôt même pas la conscience de ce qui est ou de ce qui n'est pas. Dire 'non' ou 'oui' ne peut pas décrire clairement cet état.

Question : Ces états apparaissent-ils les uns après les autres ?

Ma : Oui, à condition qu’on ne se cramponne pas à l’un d’entre eux. Si l'on reste figé dans un de ces états, on va rester là. Cependant, même en restant dans un seul état, on perçoit l'ombre de l'état précédent et l'écho de celui qui suit. Ainsi, passé, présent et futur jouent ensemble dans un seul état. Après un samadhi sans reste, il arrive parfois que le corps soit abandonné.

Question : Ma, qu'est-ce que le samadhi inerte ? Le samadhi est un jeu de la conscience, alors comment peut-il être inerte ?

Ma : Avant d'atteindre le samadhi inerte, il y a de nombreuses étapes. Si, au milieu de conversations ordinaires, quelqu'un peut se concentrer profondément sur Dieu, alors, selon son état, le corps devient comme inerte, et l'esprit peut aussi atteindre cet état temporairement. Quand on parle de samadhi inerte, c'est une transition avant l’absorption complète. Cet état est aussi un aperçu du royaume du samadhi. De même qu’il y a différentes formes de samadhi avec reste, le samadhi inerte, lui aussi, est une expression de sa nature. L’activité de conscience est là, mais n’est pas apparente à ce moment-là, c’est pourquoi il y a ce genre de manifestation. Quand la conscience totale est réalisée, cette inertie disparaît. Tout cela, c’est le jeu de la conscience.

Question : Le "samadhi" procure-t-elle plus de joie que l'interaction ordinaire avec les autres ?

Ma :  La joie du samadhi est supérieure, c’est pour cela que les gens cherchent à l’apprendre auprès des grands maîtres. Dans le monde ordinaire, les gens ne trouvent pas une joie durable et sont souvent en proie à l'agitation. Par contre, les sages qui peuvent atteindre le samadhi ressentent une joie constante, qui se reflète même sur ceux qui les approchent.

Question : Vous avez divisé le "samadhi" en quatre catégories : samadhi inerte, samadhi avec reste, samadhi sans reste et samadhi conscient. N’y a-t-il aucune conscience dans le samadhi sans reste pour que vous parliez d’un autre stade comme samadhi conscient ?

Ma : Ce qui reste ou ne reste pas dans le samadhi sans reste ne peut être expliqué.

Question : Pendant le "samadhi", les membres deviennent-ils rigides ?

Ma : On ne peut pas déterminer uniquement d'après les signes physiques si une personne est en samadhi ou non. Les traits physiques, les expressions  et d’autres facteurs doivent être pris en compte ensemble. Pendant le samadhi, les membres peuvent devenir rigides comme ceux d'un cadavre, si vous essayez de bouger les jambes, tout le corps peut suivre. Dans certains états émotionnels, beaucoup de gens serrent les poings, et s’ils tiennent quelque chose, c’est difficile de le faire lâcher, mais ce n’est pas le cas avec le samadhi. Si le poing est fermé et que vous bougez les doigts, le poing s’ouvre, mais quand vous le lâchez, il se referme. Il n’y a pas de volonté, vous pouvez bouger le corps comme vous le souhaitez. Si vous ne pouvez pas le faire, ce n’est pas un samadhi.

Question : Qu'appelle-t-on  samadhi inerte?

Ma : Dans cet état, le corps reste immobile comme un objet inerte, et le mental devient également inerte. Lorsque cet état disparaît, les personnes constatent que le monde a pris une nouvelle forme, et leur perspective envers le monde a changé.

Question : Vous aviez mentionné que le samadhi inerte désigne l'état où l'on est déconnecté du monde matériel, mais où l'on n'est pas connecté avec le monde spirituel. Dans une telle situation, comment la vision du monde d'une personne en samadhi inerte peut-elle changer, alors qu'aucune vérité spirituelle ne lui a encore été révélée ?

Ma : C'est la première étape de la transe. À ce stade, la connaissance spirituelle peut ne pas encore être présente, mais la graine de cette connaissance est à l’intérieur, et elle se manifeste par la suite. Ceux qui ne font que vivre des émotions intenses n'ont pas cette connaissance. Les émotions, le samadhi, tout cela peut avoir de nombreuses formes, qu'il est impossible de décrire complètement

Enseignement

Ma dit : Écoute, c'est par des signes que l'on comprend le niveau de chacun. Les jeux des états émotionnels supérieurs prennent diverses formes. Les sentiments ordinaires pour une image de Dieu ne sont pas appelés jeux divins. Il est vrai que tout est un jeu divin, mais pour les aspirants spirituels, que se passe-t-il ? Ils commencent avec une émotion, puis certains atteignent finalement l’état d’émotion sans forme. Cependant, lorsqu'ils redescendent de cet état, les sentiments ordinaires refont surface. Mais ceux qui atteignent véritablement les hauts niveaux de samadhi subissent une transformation totale, et des éléments spécifiques se manifestent selon les étapes atteintes.

- Ceux qui sont engagés dans les jeux des états émotionnels supérieurs n'ont pas nécessairement besoin de se concentrer sur un sentiment ou une forme spécifique pour d'atteindre le niveau du samadhi. Chez eux, tous les types de jeux se produisent naturellement et simultanément.

- Il existe de nombreux types de samadhi, mais le samadhi est fondamentalement un. Se trouver dans l’état émotionnel correspondant à telle ou telle déité peut mener à un état d’inertie, mais ce n'est pas le samadhi inerte. C’est seulement un état d'oubli de soi, un état émotionnel qui ne peut pas être qualifié de samadhi. Un autre type de samadhi peut survenir où la divinité se manifeste dans une forme, ce qui peut être qualifié de samadhi émotionnel. C'est une étape préliminaire du samadhi avec forme. Lorsque l'aspirant spirituel atteint l'état d'unité, c'est ce que vous appelez samadhi avec forme. Vous mentionnez également des termes comme sans forme, conscience, état émotionnel supérieur, et grande vacuité. Leur manifestation est miraculeuse et difficile à comprendre pleinement. Beaucoup de choses restent inexprimées, et, malgré tous les efforts, inexprimable. C’est comme expliquer la beauté d'une fleur, c’est ineffable. C’est pourquoi je dis que, bien que les écritures en parlent beaucoup, ne prenez pas simplement l'intensité d'un sentiment pour du samadhi sans vraiment comprendre ce dont il s’agit.

"Savez-vous comment cela se passe ? Il y a plusieurs étapes intermédiaires qu'on ne peut pas toutes décrire. Par exemple, en montant d'un échelon à un autre, il y a un moment de vide. Il y a une connexion entre l'échelon quitté et celui atteint. Et même là, il y a de nombreux états. Au début, lorsqu’on est dans une émotion de bhakti par rapport à une déité, le corps peut devenir inerte, à ce niveau, on peut ressentir un

aperçu de la divinité.  Cela aussi est appelé samadhi émotionnel. On peut rester dans cet état ou seulement en ressentir un aperçu. Comprendre cette nuance est très difficile.

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Question : Y a-t-il un état après le samadhi sans reste ?

Ma : Oui. Dans l'état de samadhi sans reste, certains peuvent quitter leur corps, mais pour d’autres, même après avoir atteint cet état, le corps reste actif un certain temps, comme un ventilateur qui continue de tourner un moment après que l'interrupteur est été éteint. Le samadhi est également un état, après tout.

Gopinath Kaviraj : Oui, c’est un état.

Ma : Ce ne sont que différents aspects.

Question : Ceux qui restent dans le monde après le samadhi sans reste, voient-ils encore le monde et ses éléments ? Comment voient-ils le monde ?

Ma : Écoute : si quelqu'un saisit ta main et demande 'qui est-ce ?', tu répondras 'moi'. Si c'est ton pied ou ton doigt, tu répondras encore 'moi'. Bien que main, pied et doigt soient différents, le 'moi' reste le même. Comprends cela de cette façon.

Question : Continue-t-on à respirer pendant le samadhi ?

Il y a différents types de samadhi, samadhi émotionnel, samadhi sans reste, avec reste. Pendant certains, on respire, pendant d’autres, non. La science des médecins ne s’applique pas à ce domaine.

Question : Que signifie atteindre le samadhi en chantant des hymnes ?

Ma : L e samadhi signifie être un avec Dieu. Être absorbé dans la méditation pendant une heure ou deux n'est pas du samadhi.

Question : Sri Ramakrishna atteignait-il le samadhi émotionnel ?

Ma : D’un point de vue ordinaire, des émotions arrivent pendant les kirtans, mais si après cela, on retombe dans les préoccupations ordinaires, ce n'est qu'une étincelle passagère, rien de plus. Ce qui arrive par le jap est positif. Le cas de Ramakrishna est différent, ce corps n’en parlera pas. Dans l’état de samadhi, la personne transcende l’ordinaire. Une personne titulaire d’une maîtrise peut enseigner l’alphabet à de petits enfants sans perdre ses compétences. De même, après un samadhi, cet état ne disparaît pas. On peut entrer en samadhi en se promenant. Pour ces êtres élevés, présence et absence sont identiques. En les observant, on peut comprendre.

Question : Quand l'esprit est en état de samadhi, une sorte de miracle se manifeste-t-il ? Si oui, cela entraîne-t-il une déconcentration sur l'objet de méditation ? Et quelle en est la cause principale ?

Ma : Samadhi signifie dissolution.

Question : L’a résolution concerne une question. Le samadhi est quelque chose de différent.

Ma : Ce corps ne parle pas le langage des écritures. Ce corps parle simplement avec les éléments ordinaires comme l'eau, la terre et l'air. Ceux qui sont intelligents comprennent à travers cette langue simple et fragmentée. Accomplissement signifie là où tout — forme, non-forme, sentiment, absence de sentiment — atteint l’égalité. Il peut y avoir la solution à une question, ou alors un état où aucune question ou réponse ne surgit. Cette résolution est samadhi.

Questionneur : Oui, il existe deux types de samadhi, avec et sans forme.

Ma : L'un consiste en la transformation de l'univers dans une seule entité, et dans l'autre cette entité n'existe pas.

Questionneur : Même le concept d’existence n'existe pas ? Alors, qu'y a-t-il ?

Ma : Lorsque subsistent intention et options, il n'y a même pas de « avec forme ». Avec forme est la conscience de l'existence. Là où il n'y a même pas de conscience d'existence — ni de ce qui est, ni de ce qui n'est pas — combien peut-on l’exprimer par des mots ? Cela est sans forme. Dans cet état, où y a-t-il place pour un miracle ?

Question : Un miracle, c'est-à-dire une chose surnaturelle, au-delà de la compréhension ordinaire, relève forcément du mental. Si le mental existe, l’imagination devient son sujet. Mais, au-delà du mental, il y a quelque chose, la conscience. Ce qui est au-delà de ce sur quoi le mental s’appuie, c'est cela qui est appelé miracle.

Ma : Qui perçoit un miracle ?

Questionneur : Le mental le perçoit.

Ma : Si le mental n'est pas là, il n'y a pas de perception de miracle. Par conséquent, dans le samadhi sans reste, comment peut-il y avoir perception ?

Questionneur : À mon avis, le mental existe dans les deux types de samadhis. Les écritures disent que dans le samadhi sans reste, le mental n'existe pas. Certes, le mental grossier n'existe pas, mais il doit exister sous une forme subtile. Sinon, comment peut-on avoir une expérience après être sorti de cet état ? Cela signifie qu'on s'en souvient. Donc, on doit admettre que le mental existe sous une forme subtile.
Ma : Certains disent qu'il reste une trace. Si aucune trace n'existait, comment pourrait-il y avoir une manifestation dans le corps ? Le corps aussi le reconnaît, mais tout peut être brûlé par la connaissance, alors pourquoi pas cette trace ? Là où il y a perception, c'est le mental et là où il y a mental, il peut y avoir miracle.

Question : Ma, un enfant peut-il reconnaître sa mère ?

Ma : Dis-moi.

Question : J'ai lu dans un livre qu'un enfant ne peut pas reconnaître sa mère.

Ma : Cela dépend de la situation. Un enfant peut parfois reconnaître sa mère. Suivant le lieu d’où l’on parle, tout est juste. Si une autre femme le prend dans ses bras, un enfant peut comprendre que ce n'est pas sa mère. C’est une autre situation. Le mental est comme cet enfant. Lorsqu'il pleure, la mère vient le prendre dans ses bras, et l’enfant se calme. Cette étreinte de la mère est samadhi. L’enfant-mental trouve sa consolation en lui-même. Jusqu'à ce que l'enfant s'abreuve du lait de sa mère, il ne se calme pas. Cherche qui est ce mental, qui tu es. Il faut continuer à chercher jusqu'à ce que le mental trouve la félicité. L’enfant-mental cherche la joie. Il joue avec des objets périssables pour y trouverla joie, mais la paix et le samadhine peuvent pas être atteints avec quelque chose de périssable.

Question : Ma, qu'est-ce que le samadhi ?

Ma :  Le samadhi est aussi un état, n'est-ce pas ? C'est la dissolution complète de toutes les émotions et actions. Le samadhi est l’aboutissement parfait de toutes les actions, et émotions. Ainsi, samadhi est l’équilibre de toutes les actions et émotions. C'est un état. Il y a différents types de samadhi : samadhi émotionnel, samadhi des actions. Chaque émotion ou action peut mener à un samadhi différent.

Il y a aussi une autre distinction : « Samadhi en mouvement », où, tout en marchant ou en agissant, on reste dans cet état, et samadhi immobile, où on reste immobile et on arrive à cet état par des pratiques particulières.

Il existe aussi état où la question de samadhi ou non-samadhi ne se pose même pas. Comprends-tu ? C’est comme cela.

Question : Ma, je voudrais atteindre le samadhi. Comment cela se produira-t-il ? Veuillez m'indiquer le moyen.

Ma :  Là où "je" existe, le samadhi n'existe pas. Là où le samadhi existe, il n'y a ni "je" ni "moi". L'existence simultanée du "je" et du samadhi est impossible. Pour ce qui est de la méditation-samadhi, il est normal que des pensées surgissent selon ton état intérieur. Ces pensées te perturbent, et pour y remédier, il faut une pratique régulière. Dans la Bhagavad-Gīta, il est dit que la pratique est essentielle. Yoga signifie état d’union avec l’effort pour s’unir à ce qui est éternel.

Question : Ma, nous comprenons souvent le mot "yoga" comme "samadhi". Qu'est-ce que le samadhi ? Pourriez-vous expliquer sa nature profonde ?

Ma : Cette question a déjà été posée. À ce moment-là, ce corps a répondu : "Le samadhi est la résolution de toutes les émotions et actions." Aujourd'hui encore, ce corps dit la même chose : la dissolution est ce que nous appelons samadhi.

Question : Mais le samadhi est bien un état, n'est-ce pas, Mère ?

Ma : Oui, le samadhi est aussi un état. Lorsque l'on réalise le Soi, la question de samadhi ou non-samadhi ne se pose plus. Quand on parle de samadhi des émotions, sans reste, avec reste, ce sont différents états. Même dans ces états, il existe une infinité de niveaux. Où est la fin ? Lorsque le véritable samadhi est atteint, il y a illumination. On transcende mental et qualités, il n'y a plus de question. Ce que tu fais, en te levant le matin, en récitant le Nom, en méditant, en écoutant des enseignements spirituels, c'est pour te connaître toi-même. Suis les instructions de ton guru selon la voie qu'il t'a montrée.  Alors, les voiles et les rideaux sont enlevés. Le Brahman suprême, l’essence de la connaissance et l'essence du Soi sont déjà là. Voilà la vérité. Harī, Harī, Harī. Namo Narayaṇa, Namo Narayaṇa.

Enseignement

Samadhi signifie dissolution ou aboutissement.

La dissolution est l'état où toutes les formes, les non-formes, les émotions, les absences d'émotions deviennent indifférenciées. Il y a la réponse à une question et, ensuite, il y a cet état où aucune question ne peut être posée. Cet état est le samadhi.

Il y a l'unification de l'univers et, au-delà, un état où même l'idée d'existence n'existe plus.

Quand il y a volonté et possibilité de choix, il n’y a pas de samadhi. Le samadhi avec reste est conscience de l’existence. Là où même la conscience de l'existence disparaît, c'est nirvikalpa samadhi. Comment peut-on en parler ?

Regarde les différentes sortes d'émotions. Parfois, en écoutant un kīrtan, le corps d’une personne peut se mettre dans un état corporel correspondant à l’image de son Dieu, comme Krishna ou Kali. Les fidèles peuvent alors imiter la posture de Krishna ou Kali. Ensuite, ils peuvent tomber dans un état d’épuisement, et les gens peuvent croire qu'ils sont en samadhi. Mais ce n'est pas du tout du samadhi. Certains, en écoutant des chants dévotionnels, peuvent ressentir une perte de sensation dans leurs membres. Les gens pensent que c'est le samadhi, mais en réalité, c'est une manifestation d’émotion ordinaire. Cet état d’inertie n’est pas le samadhi.

Dans un véritable samadhi, les émotions de joie ordinaire ou de douleur, ne peuvent pas subsister. Ces états fragmentés qui causent des réactions corporelles, bien qu'élevés, ne s’approchent même pas de la grandeur de cet état suprême.

Tratak

(regard fixe)

Ma commença à expliquer : Une fois, le sentiment profond que je devrais pratiquer le tratak (regard fixe sur un point ou un objet) a surgi. Complètement déshabillée, complètement libre comme on l’est la nuit quand on dort, il faut se tenir debout au lever du soleil tant qu’on le peut, les yeux rougis comme lorsqu'on se réveille le matin, sans vêtements. Dans cet corps, tout se produisait automatiquement. Parfois, vêtue d'une tenue légère, je restais debout dans cet état d’inconscience. Peu à peu, mes deux mains s’élevaient vers le haut restaient droites, puis redescendaient lentement, et retombaient. Dans cet état d'inconscience, l'esprit restait concentré sur le soleil, le corps restait immobile comme il faut l’être dans ce cas. Lors de la salutation au soleil, les gestes des mains que vous appelez des mudras se manifestaient d'eux-mêmes, complétant ainsi la salutation au soleil.

La lumière qu’on voit marque le début de cet état méditatif avant le tratak. Le tratak ne durait qu’un temps. Après celui-ci, la lumière intense comme une lampe se voit plus souvent au début. Reste l’habitude de regarder le soleil, et c’est pour cela que différentes sortes de lumières apparaissent. Cette impression est aussi gravée dans les mécanismes corporels. Par exemple, si tu fixes une flamme pendant un moment et que tu fermes les yeux, tu continueras à voir cette couleur. Cela peut aussi arriver avec une photo ou une image, qui demeure visible même après avoir fermé les yeux. Mais tout cela reste extérieur.

D'autre part, dans l'obscurité ou à d'autres moments, une lumière similaire se manifeste. Il y a beaucoup d’autres aspects en cela, et ces pensées me traversaient. La couleur intense du soleil, l’union avec elle, se manifeste directement. De la même manière que, lorsque l'on enseigne à un enfant, ses pensées se révèlent, le soleil aide le soleil intérieur à émerger. C'est cela la réalité. Il y a encore tant d'autres éléments là-dedans. En vérité, le soleil et la lune qui résident en nous nous influencent directement et leurs activités se manifestent. Seuls ceux qui, grâce à l’enseignement de leur Guru, voient clairement peuvent vraiment expliquer cela.

Dans ce corps, tout ce qui devait se produire et pendant le temps nécessaire se passait naturellement. Habituellement, le Guru peut l’expliquer en observant le disciple. Si un doute surgit, il est essentiel d’en parler à son maître.

Ma partagea ensuite une histoire : un garçon, influencé par quelqu'un, perdit la vue à force de pratiquer le trataka solaire. Quand il consulta un médecin, celui-ci dit que s'il était venu un jour plus tôt, il aurait pu faire quelque chose, mais à ce stade, rien n'était plus possible.

Maman poursuivit : Savez vous ce qui se passe ? Tant que les émotions appropriées ne sont pas présentes lors des pratiques d'asanas et de mudras, on ne peut en retirer aucun bénéfice. De la même manière, nous ne pouvons pas tirer pleinement profit du tratak sans l’état émotionnel approprié. En fait, cela entraîne souvent plus de mal que de bien. C’est comme suivre un régime et prendre des médicaments pour guérir une maladie.

Pendant le trataka, mes deux mains s'élevaient vers le haut. Quand vous prenez le sanyas, vous devez lever vos deux mains ce qui s’appelle geste de contrôle.  À travers ce corps, tout ce qui s'est produit — qu'il s'agisse de rituels, de trataka, de pratiques yogiques ou autres — s'est déroulé naturellement, une chose après l'autre, aboutissant à la dissolution de ces mêmes actions.

Méditation

Question : Comment pratiquer la méditation sans forme ?

Ma : La méditation ne se pratique pas, elle se produit d’elle-même. Quand on dit de répéter en permanence le nom de Dieu ou de pratiquer le jap, cela signifie simplement garder l'esprit dirigé vers Dieu en permanence et intensifier le désir ardent de Le rencontrer. Lorsque ce désir devient profond par Sa grâce cela arrive tout seul.

Question : La méditation peut-elle conduire à la révélation divine ?

Ma : La méditation n'est qu'un moyen d'atteindre Dieu. Dieu est par nature auto-révélé. Pratiquer la méditation et atteindre l’état de méditation sont deux choses différentes. Avec la pratique, on atteint un état où la méditation devient lumineuse et naturelle. Recherchez le satsang. Essayez de garder le plus possible un mental pur. Le satsang éveillera votre faim de Dieu. Fixez un moment précis pour prier.

Si vous sentez que votre esprit ne se concentre pas sur Dieu, essayez de méditer régulièrement à une heure fixe. Continuez la méditation jusqu'à ce que vous obteniez la vision divine. Avec la pratique, cela deviendra naturel. La grâce divine se manifestera. Maintenez une activité spirituelle constante, comme la méditation, le jap. Graduellement, cela deviendra une habitude. Racontez souvent des histoires divines, seule l’histoire de Hari (Vishnu) est une histoire, tout le reste est vain et douloureux. Sans Dieu, vous vivrez dans la souffrance et le doute. En vivant dans le monde, transformez le en un monde de rectitude.

Ayez un but défini dans votre vie. Pour méditer sur Dieu, au début, méditez sur une image de Dieu. Quand cela s’approfondira, vous verrez l’entièreté de la forme de Dieu. Certains méditent sur ses pieds, d’autres sur sa face. En méditant sur sa face, vous percevrez sa forme totale. En progressant encore, vous verrez Dieu dans tous les objets du monde.

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Enseignement

Chaque personne médite selon ses capacités. En réalité, il faut méditer constamment sur Dieu. Tout comme une mère à la maison nourrit parfois ses enfants ou leur prépare un lit, de la même manière, en marchant, en s'asseyant, en dormant ou en étant éveillé, on doit toujours penser à Dieu. Il faut essayer de rester proche de Dieu en toutes circonstances. Chaque personne doit avancer avec son propre objectif divin. En procédant ainsi, on aura une vision de Dieu et on atteindra Sa véritable nature.

On verra Dieu dans toutes les formes et dans toutes les émotions. Suivez un seul but. Quand la pratique spirituelle devient très avancée, on réalise que Dieu est omniprésent dans toutes les formes et toutes les émotions. Partout où le regard se porte, on voit Krishna avec sa flûte. Votre vision divine est unique à vous-même. La vision de Dieu d'une autre personne peut être différente. Celui qui a une vision de Dieu ne peut pas toujours expliquer pleinement son expérience à autrui. Dans le royaume de Dieu, il y a un merveilleux miracle : celui qui chante le nom de Dieu avec amour ne peut pas ne pas ressentir Sa présence. Dieu est si bienveillant qu'Il se révèle même à ceux qui ne croient pas en Lui. Avec Sa grâce divine, Il les accepte.

Parfois, vous remarquerez qu'en méditation, vous perdez conscience. Certains ressentent une sorte de béatitude semblable à une ivresse, ce qui les immobilise, et ils passent un long moment dans cet état. En se réveillant, ils disent : "Quelle joie incroyable, j'étais dans la félicité." Mais cela n'est pas la véritable connaissance. Ainsi, la méditation a aussi un stade où l'on ressent une joie intense, comme si on était immergé dans la félicité. Mais qui est là ? Le mental seul. Cependant, cela perturbe parfois l'expérience spirituelle. Si l'on retourne encore et encore au même endroit, on ne goûtera pas à la véritable essence. La véritable méditation se produit lorsque la conscience des plaisirs ordinaires n’est plus là. Au moment où l'on atteint l'état d'union avec le Brahman ou la réalisation du Soi, il n'y a ni "j’étais là " ni " « J’étais heureux ». Il n'y a rien de cela. Si vous pouvez dire : « J’étais heureux » cela signifie qu’il s’agissait d'une perception sensorielle, et c’est un obstacle. On doit rester conscient et éveillé. Une méditation inconsciente ou dans un état de sommeil yogique n'est pas suffisante.

Après la méditation, les plaisirs de la vie quotidienne sembleront fades, insipides. Qu'est-ce que le détachement ? C'est comme si une flamme de détachement brûlait tout le monde quotidien. On ressent une un choc. À ce moment-là, le soi intérieur et extérieur s’éveille. Mais ce détachement ne signifie pas une négligence ou un rejet complet des choses matérielles, ce ne serait pas accepté. Quand le feu du détachement s'intensifie, une question surgit : "Qu'est-ce que ce monde ?" Et peu à peu, la perception de l'illusion de ce monde devient évidente. Tout ce qu’il y a dans le monde semble comme une flamme ardente, impossible à toucher. Parfois, cet état aussi apparaît.

Pour concentrer l'esprit dans la méditation, tout comme on force parfois les enfants à s'asseoir pour étudier, exerce-toi avec détermination et persévérance, même si cela implique des efforts ou des contraintes. Les médicaments apportent du soulagement, mais une injection agit plus profondément ; même si vous n'en avez pas envie, faites-le. Supportez les difficultés. Les impressions karmiques de nombreuses vies passées vous tirent en arrière et vous causent de la souffrance, mais persistez malgré tout. Cela vous apportera de la force.

Prenez la résolution que, quelles que soient les souffrances, vous continuerez. La gloire et la reconnaissance sont éphémères, elles ne vont pas rester. Même si votre esprit ne s'oriente pas naturellement vers Dieu, dirigez-le vers Lui. Parfois, cela vous secouera si fortement que vous pourriez vous sentir perdu, mais c'est une bénédiction divine. C’est très difficile, mais c’est comme cela qu’on apprend.

Forcez votre ego a s’asseoir, même s’il faut pour cela sévérité et dureté. Décidez : « « que cela plaise ou non à mon mental, je le ferai. C'est mon devoir." Pendant si longtemps, vous avez été voué à vous enchaîner, ce qui vous pousse à vouloir y revenir encore et encore. Avec quelques jours d'effort, tu comprendras : "ah, c’est cela qui m’enchaîne." Plus vous travaillerez, plus vous progresserez.

Pendant la méditation, que vous soyez conscient du corps ou non, que l’identification au corps soit présente ou non, il est essentiel de rester éveillé. L'ignorance ne doit pas t'envahir. Il doit y avoir une certaine conscience de l’existence, qu’elle soit dirigée vers le Soi ou vers une déité. Ce qui résulte de cette méditation, c'est l'ouverture vers une lumière éternelle.

Au début, cela peut être pénible, mais parfois, après la méditation, vous remarquez que votre corps se sent frais et qu'il n'y a aucune sensation de fatigue. Le temps passe, mais il n’y a pas d'agitation intérieure, ce qui est positif. Cependant, il ne faut pas être attaché à cet état de plaisir au point de ne plus savoir où vous étiez et de plus se rappeler de rien. La bonne voie est celle ou tout ce que vous ressentez, à l’extérieur comme à l’intérieur, est rempli de joie.

En méditation, il y a un état d’absence, d’inertie, après lequel on réalise qu’on était très heureux, cette joie est en réalité un obstacle. L’impression d’inertie dans la force vitale, comme celle après un sommeil profond, voilà l’obstacle, s’y attacher est un obstacle. Si vous rester toujours à la même place, c’est un obstacle. C’est très agréable et semble un signe de progrès, mais rester immobile est un obstacle. Vous êtes enchaîné.

Il est bon de se considérer comme fait de conscience, de la lumière et la joie du Soi, et de s'efforcer de diriger l'esprit vers la forme divine selon les instructions de son maître.

La nuit dernière, il a été question de méditation et d’asana. Ma a dit : "Écoutez, ces longues heures passées assis en méditation, elles apportent de la joie. Mais si, en changeant de posture, l'attention disparaît, cela signifie que tu cherches du plaisir dans cette posture. Cela aussi est un obstacle." Au début, il faut faire l'effort de rester longtemps dans une même posture pour méditer. Lorsque la posture devient stable, la question d’y rester longtemps ne se pose plus. Que vous soyez assis, couché, debout ou dans toute autre position, tant que vous êtes bien et que votre attention reste fixée sur votre but ou sur votre déité, la posture n’a plus d’importance. »

Au départ, on a besoin de rester assis sur son asana (petit tapis de méditation). Rien d’extérieur ne semble agréable. On a seulement envie de rester à méditer avec cette joie intérieure. Cela marque le début de la stabilité. Mais il est important de ne pas s'attacher à la posture elle-même. A ce stade, on se fixe principalement sur l’asana qui se perfectionne.

S'asseoir, se lever, marcher, ou maintenir toute posture corporelle est un "asana". La posture correspond à l’état du corps et du mental. Suivre les instructions d'un maître ou respecter une règle spécifique pour s'asseoir dans une posture particulière permet de se concentrer. Au début de la pratique de la méditation, on s'assoit souvent dans une posture simple. Cependant, lorsqu'on progresse dans la méditation ou la répétition des mantras, la posture correcte vient naturellement. Une fois la méditation bien installée, la posture devient stable par elle-même.

Quand la méditation devient stable, l’asana le devient aussi spontanément. Tout comme un pneu qui, quand il n’y a pas de pression, est plat, mais gonflé, il est ferme dans sa forme naturelle, l’inertie du corps disparaît avec une méditation stable, et l'on ne ressent ni fatigue ni douleur corporelle au moment de se lever.

Dans une méditation correcte, une sensation particulière peut être ressentie, comparable à une brûlure qui laisse une marque. Qu’est-ce que cela fait ? les obstacles diminuent. Cette touche brûle par le détachement, ou fond par la bhakti. Les désirs matériels semblent fades et sans aucun intérêt, les conversations quotidiennes deviennent insipides, et progressivement, elles finissent par devenir pénibles. Quand quelque chose est perdu ou détruit, le mental s’énerve parce qu’il y était attaché. Cette attachement est un "nœud".

Grâce à la méditation, à la répétition des mantras ou à toute autre pratique spirituelle suivant la voie que l’on suit, ce nœud se défait progressivement, la discrimination et le discernement se développent, et on réalise la vraie nature de ces objets. Auparavant, on en était prisonnier et on luttait pour les avoir. Maintenant, on a de la distance, et on progresse par stades. Avec le progrès on réalise que tout contient tout le reste, il y a une âme, maître de tout, ou, selon une autre perspective, il y a un seul Seigneur, et tous les autres sont des serviteurs .

Il devient évident que mon essence est identique à celle de tous les autres. Alors, il n’y a plus que Dieu, rien ne vient, rien ne part, bien que les choses viennent et partent, les mots ne peuvent exprimer cela. Au fur et à mesure qu’on se sépare des désirs de la vie quotidienne, le voyage vers Dieu progresse.

Lorsque la méditation est profonde, la posture corporelle n’est plus ni un problème ni une source de plaisir. On ne pense plus ne pouvoir méditer que ans une certaine posture. Que l'on s'assoie droit ou incliné, le corps trouve naturellement la posture adéquate. Alors, on peut méditer dans n'importe quelle position ou à n'importe quel moment. Cependant, certaines postures spécifiques comme le lotus (Padmasana) ou la posture parfaite (Siddhasana) peuvent aider à stabiliser l'esprit dans des états de méditation avancés.

Pour commencer, il est conseillé de s'asseoir et de méditer en visualisant une image divine, puis de l’installer en asana de lui faire pranam et de faire son jap. Après cela, on installe le divin dans son cœur avant de se lever. Si la méditation n’est pas profonde, il faut penser Dieu fera ce qui est bon pour vous, qu’il le fait toujours.

Vous devez sentir que le divin s'est manifesté pour vous aider. Le divin est à la fois avec forme et sans forme. Le divin contient l'univers entier en lui et est présent dans tout l'univers. C'est pourquoi on dit : « Mon guru est le guru du monde » et « Le guru du monde est mon guru ». Ceci est spécifiquement pour vous. Tout ne s'applique pas à tout le monde. Plus vous méditez sur le divin, plus vous progresserez. Ceux qui se manifestent dans la forme sont aussi vous, et ceux qui sont sans forme sont aussi vous. Voyez ce qui se manifeste. »

La méditation entre les sourcils est bénéfique. Dans la Gita, on dit « ūrdhva-mūlam adhaḥ-śakham » (avec les racines au-dessus et les branches en dessous). Par conséquent, la place principale est vers la tête. De même que l'arrosage de la racine d'un arbre nourrit toutes ses parties, de même, la tête est l'emplacement de la racine de l’homme.

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Question : Lorsque nous sommes assis pour méditer, le monde intérieur devient apparent. Que devons-nous faire ?

Ma : Vous vous asseyez avec le monde en vous, n’est-ce pas ? Si vous vous asseyez en tant que témoin et que vous continuez à observer, sa nature est de devenir stable. S’il ne reste pas stable, le cycle de la naissance et de la mort continuera. Soyez témoin et continuez à observer. Continuez à observer où va l’esprit. En observant, comme l’a dit Père, l’esprit se dirigera vers la concentration et ne se dirigera pas vers les mauvaises actions. Gardez un œil sur le mental comme vous le feriez sur un enfant. Ce n’est pas un regard ordinaire. Si vous restez concentré sur cette observation, vous avez une chance d’avancer vers le but. Chaque chemin donne des expériences différentes, et les gens partagent ce qu’ils ont vécu.

Question : Comment méditer ?

Ma : Faites ce que votre guru vous a dit. Méditer est une chose, et que la méditation se produise spontanément en est une autre. Vous devez suivre exactement ce que votre guru vous a enseigné. Essentiellement, la méditation se fera d'elle-même. Utilisez l'énergie inhérente en vous pour méditer.
Question : Que se passe-t-il si la méditation ne s'installe pas ?

Mère : N'abandonnez pas la méditation tant que vous ne vous y êtes pas établi.

Question : (Narayan Swami) La règle est de méditer sur la divinité choisie dans le cœur ou dans l'espace entre les sourcils, mais la méditation sur le guru doit être faite dans la tête. Pourquoi est-ce ainsi ?

Ma : Vos écritures elles-mêmes déclarent que la place du guru est suprême. Le guru est celui qui donne le mantra et vous introduit à votre divinité choisie. Il y a beaucoup à dire à ce sujet, mais tout ne peut pas être partagé avec tout le monde.

Question : Où se trouve l'emplacement du cœur ?

Ma : En ce qui concerne la méditation du corps entier, on dit qu'il faut méditer des pieds à la tête, et la méditation inversée se fait de la tête aux pieds. La méditation du corps entier doit être pratiquée avec une dévotion totale, englobant le cœur, le mental et tout ce qui se trouve à l'intérieur. D'un point de vue séquentiel, dans le corps, le cœur est situé dans la région cardiaque, que vous appelez le cœur. Cependant, la méditation sur le cœur doit être effectuée à l'endroit spécifié par le guru. Beaucoup ressentent la sensation du cœur dans le cerveau. Le divin réside dans la grotte du cœur. Selon les tendances profondes et la sadhana du pratiquant, la conscience de la grotte du cœur peut se produire dans n'importe lequel des six chakras. Tout existe dans tout le reste. Tout comme la vue d'un nuage noir peut évoquer la dévotion chez un dévot de Krishna, conduisant même à une transe dévotionnelle, l'esprit d'un yogi peut percevoir la grotte du cœur et contempler le divin toujours présent en lui.

Comme nous divisons le temps en matin, midi, soir et nuit pour des raisons pratiques, l’espace indivisible dans le corps est divisé en chakras pour la pratique. Le mental peut se concentrer sur n’importe lequel d’entre eux. Le chakra sur lequel le mental se concentre devient à ce moment là la caverne du cœur pour ce pratiquant. L’unique être suprême existe en tout. Le Guru prescrit au disciple le point sur lequel il doit se concentrer.

Question : Lorsque je médite, je me mets parfois à somnoler. Que faire ?

Ma :  Le manque de pratique de la maîtrise de soi depuis l’enfance rend difficile de rester discipliné maintenant, c’est pour cela que vous vous endormez parfois en méditant. Malgré cela, n’arrêtez pas de méditer et de faire votre jap. Si vous continuer à vous discipliner, si vous tombez, Dieu vous relèvera.

Question d’un sadhu : Ma, je m’assied en sukhasana (posture facile), mais bien que j’essaie assidûment depuis dix ans, je ne peux pas le faire longtemps, alors je médite sur une chaise. Est-il nécessaire de s’asseoir dans une posture spéciale pour méditer ?  

Ma : le but d’une posture est de faciliter la méditation. Si quelqu’un se concentre bien sans une posture spécifique, il n’en a pas besoin. Si vous préoccuper de votre posture vous distrait, quel intérêt ? Le véritable but est de concentrer votre mental sur le divin, tout ce qui peut vous y aider, faites-le.

Question : Ma, pendant le jap, sur quelle forme faut-il méditer ?

Ma : Sur celle qui vous attire le plus. Le divin est présent sous toutes les formes et dans tous les noms. Tout nom est nom de Dieu, toute forme est forme de Dieu. Dieu transcende nom et forme, à la fois avec et sans attributs. En toute forme et tout sentiment, il joue avec lui même en tous lieux et toutes traditions.

Question – Ma, je n’arrive pas à me concentrer quand je médite. Tout ce que je fais et pense durant la journée revient à l'esprit lorsque je m'assois pour méditer. Comment puis-je me concentrer ? Que dois-je faire ?

Ma - L'esprit ne se concentre pas facilement. Vous faites tout votre travail et vous essayez aussi de méditer. Ce qu’il faut, c’est de devenir un instrument dans la main de Dieu.

Ô Dieu ! C'est Toi qui agis, gardez cette pensée en tête. Lorsque des obstacles ou des doutes surgissent dans votre mental, rappelez vous :  Dieu, Tu es bien là sous la forme d’action . En réalité, c'est uniquement Toi qui existe en moi, qui me guide. Agis comme cela et médite. Si tu contemple Dieu, ton chemin s'éclaircira. La contemplation de Dieu ouvre notre voie.

Question :  Ma, comment méditer ?

Ma - Suivez la méthode que votre Guru vous a enseignée pour méditer... 'Eko Brahma Dvitiyo Nasti', il n'y a pas de second, seul le Brahman suprême existe. Donc la première chose à faire est de suivre exactement la méthode donnée par son Guru pour la méditation et le jap. Notre Guru est omniprésent et celui de l'univers est le même. Donc il faut suivre exactement la méthode et la pratique indiquée par votre Guru pour la méditation. C’est ce que ce corps répète constamment.

Une chose est certaine : les actions sont déterminées par nos impressions du passé. Selon les samskaras, les actions varient. À certains moments, ces impressions perturbent tellement l'esprit qu'il devient difficile de méditer.

Sans ces impression, les aliments n’auraient pas d’effet. Pratique la discipline : mange régulièrement, bois régulièrement, dors régulièrement et garde une pratique spirituelle consistante. Souviens-toi : 'Eko Brahman Dvitiyo Nasti' il n'y a pas de second, seul le Brahman suprême existe.

Question - Ma, cela fait tant d'années que je fais mon jap et que je médite, et je n’ai eu aucune réalisation ?

Ma : Quand tu dis avoir pratiqué le jap et médité sans trouver Dieu ou avoir eu une vision divine, ce corps dit toujours qu'il faut frotter jusqu'à ce qu’on obtienne du feu ou creuser jusqu'à ce qu’on trouve de l'eau. Autre chose : l'esprit vagabonde ici et là prend plaisir à diverses choses extérieures tandis que tu penses t'être assis longtemps en pratique spirituelle. Aie un but précis.  Dieu nous a donné un mental pour nous permettre d’être concentré sur ce but. Les écritures nous enseignent le chemin pour atteindre Dieu, contemplation, jap, méditation, et à force de pratique, cela finit par arriver.

Question : Ma, quelle est la différence entre adoration avec ou sans forme ? La Gita dit que le mental doit être stabilisé dans l’Ajna Chakra (entre les sourcils).

Ma : Écoute, stabiliser le mental dans l’Ajna chakra peut effectivement être efficace. Par ailleurs, le cœur est le siège d’expériences comme la joie et la peine, alors, certains placent le Seigneur du monde dans leur cœur. Lorsqu’Il y est établi, ni joie ni peine ne les touche plus. Le mental stabilisé dans le cœur, il progresse naturellement vers l’ajna, et de là, vers le Sahasrara. C’est comme verser de l’eau sur une surface détrempée, cela coule tout seul. Que peut-on dire de plus ?

Question : Ma, si mon mental ne fournit aucune forme, comment puis-je contempler le vide ?

Ma : Le vide est aussi une espèce de forme. Si cela vous convient, asseyez-vous correctement et contemplez intensément le vide. Finalement, vous verrez que même la contemplation du vide disparaîtra.
Question : Ma, la méditation vient-elle de la pratique ou des impressions passées ?

Ma :  Elle vient à la fois de la pratique et des impressions passées. Plus l'esprit est pur, plus le résultat est beau. Lorsque vous vous endormez le soir, vous devriez vous endormir en répétant Son nom. Le monde matériel est transitoire, toujours présent aujourd'hui et disparu demain. Restez dans l'esprit de service. Il vous a donné des yeux. Ne voyez que Lui. Il vous a donné des mains – servez-Le. Il vous a donné des pieds - faites son parikrama. Le mental est Son serviteur. Lorsque vous mangez, c'est une offrande pour Lui. Par conséquent, il est dit de toujours répéter Son nom en pensant que vous êtes Son instrument, que vous êtes guidé par Lui. Priez pour que « toutes les actions faites par mon intermédiaire soient bonnes, que j'aie des pensées nobles et que toutes mes actions deviennent Votre service ».

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Enseignement

Voici ce que vous devriez faire. Lorsque vous vaquez à vos activités quotidiennes - marcher, bouger, fonctionnez comme un instrument dans les mains de Dieu. Restez en conscients. Dieu a créé ce monde pour Son jeu divin. Lorsque vous accomplissez une tâche, essayez de garder la conscience d’être un instrument dans les mains de Dieu. Vous ne pouvez pas toujours chanter ou méditer tout au long de la journée, mais vous pouvez maintenir cette conscience. Lorsque vous vous réveillez le matin, que vous preniez une douche ou non, pensez : « Oh Dieu, je suis à Toi. Tu es mon refuge. Quelles que soient les actions que j'accomplis, elles sont faites par l'intermédiaire de Ton instrument. » Accrochez-vous à ce sentiment.
Suivez les pratiques que votre guru vous a données, qu'il s'agisse de jap ou d'autres actions spécifiques. Votre pratique du matin, c’est comme remonter une horloge qui fonctionne pendant vingt-quatre heures. Le soir, pensez à Dieu où que vous soyez. Si possible, faites-le aussi l'après-midi, et chaque fois que vous le pouvez. Mais gardez toujours à l'esprit que vous êtes un instrument entre les mains de Dieu. Peu à peu, cette conscience de Dieu deviendra naturelle pour vous. À mesure que cette conscience grandira, votre chemin vers Dieu s'ouvrira naturellement.

En méditation, chacun doit s'asseoir avec pour objectif la réalisation de Dieu. Avoir une concentration unique éveille la force intérieure. Si vous vous asseyez pour méditer et laissez votre esprit vagabonder vers toutes sortes de choses, cela perturbe le flux d'énergie. Un autre point important est de s'asseoir sans toucher les autres. Chaque personne doit avoir son propre espace, tout comme une jeune plante a besoin d'espace loin des grands arbres pour pousser librement. En méditation, si vous vous touchez, cela peut perturber le flux de vos énergies individuelles et créer des obstacles. Chacun est à un stade différent de sa pratique, il est donc important de ne pas se toucher. Si quelqu'un est un religieux avancé ou a une pratique stable, cela peut être différent. Dans le royaume de Dieu, il existe des règles et des pratiques adaptées à l'état de chaque personne. Les signes de progrès se voient dans sa pratique, pas seulement en en parlant. Lorsque vous atteignez un certain niveau en méditation, les questions de la vie ordinaire ne vous attirent plus, et en entendre parler peut même vous choquer. Vous restez absorbé dans votre propre moi divin, votre nature de Śiva, tout en vous concentrant sur Dieu. Dans le royaume de Dieu, il existe une organisation miraculeuse pour chacun en fonction de son niveau. Lorsque vous ne pourrez plus rester sans penser à Dieu, Sa lumière brillera inévitablement sur vous. Narayana, Narayana, Narayana Baba, Namo Narayana, Namo Narayana.

Il est bon de faire l’effort de rester longuement assis, d’être assis tranquillement sans penser, le mental vide. Ou alors, concentrez votre mental sur votre respiration, et synchronisez mantra et respiration. Vous verrez, cela marche. Rien que se concentrer sur sa respiration peut aider à stabiliser le mental.

Tapasia

Effort spirituel difficile (littéralement : produisant de la chaleur, de la souffrance)

Question : Qu'est-ce que la tapasia ?

Pour se libérer des trois chaleurs (matérielle, mentale et liée au destin), il faut s’aider d’une autre chaleur. On vainc une chaleur par une autre. Pour supporter cette chaleur, il faut faire des tapasias.

Tapasia signifie supporter la chaleur ; qu’on le veuille ou non il faut essayer, la souffrance à endurer est tapasia.  S’il n’y a pas de souffrance, quelle est la valeur de la tapasia ?

Question :  Ma, que faut-il faire pour surmonter les trois chaleurs ?

L’effort que l’on doit faire pour atteindre Dieu en supportant la souffrance, cette chaleur aide à surmonter la triple souffrance du monde. On supporte la chaleur lors de l'exécution du sacrifice au feu, et on lui fait des offrandes, c’est ce qu’on appelle endurer la souffrance. C'est pour cela que je dis que la chaleur qu'il faut endurer pour atteindre Dieu s'appelle tapasia.

Ce qui est considéré comme de la souffrance dans ce monde est aussi tapasia. Même à contre-cœur,  faire son travail quotidien ne crée pas de nouveau karma, car cela aide à épuiser le karma passé. Ce sont les désirs qui créent de nouveaux karma. Le désir d’atteindre Dieu ne crée pas de nouvelles chaînes. C’est pour cela que l’inspiration à des actions menant vers Dieu a du sens.

Question : Faut-il faire des tapasias ? Qu'est-ce que c’est ?

Ma : Faire des tapasias est essentiel, participer à un satsang en est un. Y aller malgré le soleil brûlant c'est une tapasia en soi, n'est-ce pas ? Étudier les histoires sacrées et les écritures amène un très bon résultat, c’est une nourriture pour l’âme. Plus vous vous immergez dans les récits divins, plus vous ouvrez la voie à la plénitude.

Suivez le chemin tracé par votre Guru, faites du jap, méditez, réfléchissez. Faites le avec une telle intensité que sans manifestation divine vous ne puissiez pas survivre. C'est-à-dire retirez les rideaux qui cachent la vision divine. L’effort pour enlever les voiles, et révéler l’essence suprême c’est la tapasia. C’est tout ce que vous avez besoin de faire.

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Enseignement

Un jour, alors qu'elle se promenait, Ma s'est arrêtée près d'un potier et a dit : « Pourquoi aller ailleurs ? Asseyons-nous là. En disant cela, elle s'est assise là. Le potier fabriquait un pot. Ma regarda, puis dit : « L’argile souffre beaucoup, mais il faut quand même le préparer en le manipulant. Si on veut préparer quelque chose, il faut endurer de telles épreuves.

Parlant à un professeur d'université, Ma dit : Père, avez vous étudié le côté spirituel des choses aussi ? Comme vous êtes devenu professeur en passant vos diplômes, il faut le faire dans ce domaine aussi.

Le professeur a dit : "Le mental n'est pas stable, s’il trouve de la joie, il peut se concentrer.

Ma a répondu : « Combien de temps as-tu consacré dans ta vie à étudier? Et combien aux pratiques spirituelles ? Je ne suis pas d’accord. Joignant les mains, elle ajouta : je ne dis rien, je répète seulement ce que vous dites : Tapasia, c’est supporter la chaleur, faire un effort même quand le mental n’en a pas envie. S’il n’y a pas de souffrance, alors la tapasia n’aura aucune valeur. Quand cette souffrance aura disparu, le mental commencera naturellement à trouver la joie. Alors on ne parlera plus de tapasia, elle s’arrêtera. Écoutez, les enfants ont envie de jouer, on les oblige à étudier, mais ils n'en ont pas envie, puis petit à petit, ils commencent à aimer cela. On n’a plus besoin de les forcer. Ils commencent à travailler régulièrement parce qu’ils en ressentent le besoin. Ils savent que s’ils n’étudient pas, ils échoueront et ils ne veulent pas échouer.

Finalement, Ma joignit les mains et dit : « Écoutez, père, la demande de cette petite fille est que vous consacriez un peu de temps chaque jour à cela aussi et que vous augmentiez progressivement ce temps.

Silence

Question : Un moine de Calcutta était assis près de la Ma. Il avait fait vœu de silence. Par conséquent, il écrivait lorsque cela était nécessaire. Voyant cela, un dévot a demandé : Ma, à quoi cela sert-il ? Il ne parle pas, mais il écrit et fait des gestes. Comment cela va calmer le mental ?

Ma : Cela aide. Même en ne contrôlant que sa parole, un sentiment de calme émerge progressivement. Oui, il n’est pas bon de faire des gestes ou d’écrire quelque chose sauf en cas de besoin réel. Il y a autre chose : avec une telle discipline, on évite complètement mensonge, paroles dures et bavardage inutile. Trop parler entraîne une perte d’énergie. La pratique du silence développe une force intérieure. Mais il faut essayer de méditer et de faire du jap intérieurement autant que possible. On évite les paroles inutiles, trop parler fait perdre de l’énergie. On devrait essayer de faire du jap ou de méditer intérieurement en permanence.

Question - Ma, j'ai fait vœu de silence la nuit et le matin, mais après, j’ai du mal à parler correctement, Comment doit-on garder le silence ?

Ma : Une fois, un des frères avait fait vœu de silence. Après cela, il n’arrivait plus parler correctement même s'il le voulait. A cette époque, ce corps était également silencieux, je ne me rappelle plus les détails. Il y a une différence entre choisir de rester en silence et un silence spontané. Quand le silence se produit spontanément, le but est atteint. Si quelqu’un se tait parce qu’il est en colère contre un autre, ce n’est pas du silence, ce n’est pas de la discipline. Quand on parle après ce genre de silence, il y a le feu. (Ma rit bruyamment.) Père, c'est vrai ? Quel miracle ! Il y a une essence infinie dans toute chose, des chemins infinis.

Question : La discipline de la parole s'appelle-t-elle silence ?

Ma : La discipline de la parole est également une bonne chose. Elle a ses bienfaits ; elle diminue les paroles fausses. La parole non contrôlée conduit parfois à dire des contrevérités. La discipline de la parole diminue la tendance à mentir... Même si vous écrivez en gardant le contrôle de la parole, il faut faire attention. Cela aussi purifie le mental. Certains parlent un peu, puis font leur jap, d’autres n’aiment pas répéter le nom de Dieu mais pratiquent la discipline de la parole. Ils s’expriment par de nombreux gestes et par l’écriture. Celui qui pratique le contrôle de la parole sans garder son esprit tourné vers Dieu n’en tire pas beaucoup de bénéfice... Après avoir pratiqué la discipline de la parole, on peut également faire vœu de silence. Il y a des gens qui disent que si Dieu a donné la bouche, pourquoi se taire ? Je réponds que si vous devez écouter, écoutez seulement la parole de Dieu. Si vous devez parler, parlez uniquement de Dieu. Si vous voulez toucher, touchez Dieu.

Enseignement

Si tu veux rester réellement silencieux, alors ton esprit et ta force vitale doivent se concentrer sur une seule pensée et devenir solides comme des pierres à l'intérieur comme à l'extérieur. Si tu veux seulement pratiquer le contrôle de la parole, c’est une autre affaire.

Le mental reste actif quand on pratique la discipline de la parole. Mais cette discipline aide quand même à la maîtrise de soi... À mesure que le mental devient mieux contrôlé, c’est moins actif. Par la suite, on commence à comprendre que Dieu qui maîtrise tout apportera la solution. Si on est plongé dans toutes sortes de pensées, ce qu’on peut attendre du silence ne sera pas au rendez-vous. Par exemple, si on reste silencieux quand on est en colère, à un moment donné, la colère éclatera. Si le mental est tourné vers Dieu, on avance progressivement et cela accroît la pureté du corps et de l’esprit. Penser aux choses ordinaires entraîne une perte d’énergie. Dans une telle situation, il vaut mieux détendre le mental en parlant que  de rester silencieux. Autrement, un tel silence blesse les sens et, à cause de cela, on peut tomber malade, mais si l'on est tourné vers l’intérieur, ce n’est pas le cas. Penser à Dieu ouvre les nœuds. Grâce à cela, tout ce qu’on cherchait arrive.

Le silence c’est garder son esprit concentré sur Dieu. Au début, on peut ressentir le besoin de parler pendant les moments de silence. Plus tard, cela n’a plus d’importance. Il arrive aussi que, tout comme une abeille qui butine, les besoins soient spontanément satisfaits. On reçoit tout ce qui est nécessaire. La connexion avec Dieu est établie.

Et si on observe un silence total, sans s’exprimer par gestes, comment le corps est-il protégé ? Tout se passe automatiquement. Le pratiquant observe tout comme un témoin. Plus vous progressez dans l’union,, plus les obstacles disparaissent et l’objectif est atteint de lui-même. Il y a d’une part un état dans lequel tout se produit automatiquement et dans l’autre il faut fournir des efforts. Il n’est pas exact de dire que la connaissance s’obtient par le silence, parce que la connaissance ne s’obtient par aucun moyen. La connaissance est l'auto-illumination. Les pratiques ne conduisent qu'à la destruction des rideaux qui la cachent.

Il existe deux sortes de vœux de silence, le silence « de bois », strict, et le silence « de vache », aménageable. Dans le premier, s’exprimer par gestes ou écrire est formellement interdit, dans l’autre on peut le faire en cas de nécessité absolue. Certains continuent à réciter les écritures, à chanter des kirtans pendant leur périodes de silence, ici (dans les ashrams de Ma), c’est interrompu, sauf dans le cas d’un vœu de kirtan ininterrompu.

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Question : Quelle est la signification du silence ? Comment le pratiquer ?

Ma : Le silence signifie la paix, la suspension du mental. Il n’y a plus d’espace pour lui. C’est le mental qui expérimente tristesse et bonheur. Le silence véritable est au-delà du mental et de ses expériences. La création se produit à tout moment par la parole. Si vous parlez, parlez de Dieu, cela vous sera bénéfique. Parlez d’autre chose donnera des résultats différents. On ne peut pas parler de Dieu tout le temps, en gardant le silence, au moins les discussions ordinaires s'arrêtent. En contrôlant sa parole, il faut viser à concentrer son esprit sur Dieu. Méditez ou chantez, essayez de garder votre esprit tourné vers Dieu.

Question – Comment faire taire le mental ?

Ma : Lorsque vous commencez à creuser un puits, vous enlevez la terre, et à un moment donné vous arrivez au niveau ou l'eau sort. Le résultat de ce travail est l'eau, de même le résultat du silence est la paix. Toutes les actions viennent du mental. Le silence est une méthode pour que le mental arrête de créer des mots et entre dans un état de paix. Pour se concentrer sur Dieu, le contrôle de la parole est nécessaire. Il existe deux types de silence, l'un est le silence de la vache et l'autre est le silence du bois. Une vache peut expliquer ses besoins par des gestes, un homme aussi. Le bois est silencieux, il ne donne aucun signa l'homme ne donne aucun signal.

Telles sont les voies infinies du silence. Le silence s’établit en fonction du niveau du pratiquant. Pour se réaliser soi même, on cherche un guide. Cette petite fille appelle son père. Vous êtes père, mère, ami, tout, vous cherchez votre propre lumière. Ce n'est que par la grâce que les résultats sont obtenus. Le chemin spirituel commence par le contrôle de la parole.

Commencez à étudier, étudier, c’est s’engager dans des pratique spirituelles. Étudiez ce que disent les écritures, et vous les comprendrez. Deux types de personnes ne posent pas de question, celles qui n’ont pas commencé à étudier, et celles qui maîtrisent le sujet.  Celui qui étudie a des questions. La véritable essence du silence est de devenir sans mental, de le focaliser totalement sur Dieu. N’importe qui peut pratiquer le silence, quelque soit son origine. Se mettre en colère contre les membres de sa famille et cesser de parler n'est pas du silence. Le silence ouvre la voie à la réalisation de soi. La nature de l'action est de créer du karma. Il faut entreprendre des pratiques spirituelles telles qu’elles permettent de transcender l’action.

Question : Que faut-il faire pendant le silence ?

Ma : Tu dois faire ce que ton guru te dit. Pendant le silence, on fait du jap et on médite. Il y a une différence entre pratiquer le silence et devenir silencieux. En faisant silence, on devient silencieux. Le vrai silence, c’est le mental concentré sur Dieu. Il faut essayer de maintenir un temps de silence complet. Le silence arrive alors tout seul.

Question : Faut-il pratiquer le silence à heure fixe ?

Ma : Oui, au début faites le à heure fixe. Trop parler entraîne une perte d’énergie. Penser à Dieu augmente l’énergie, alors que penser à des choses ordinaires la diminue. Pendant le silence, il faut pratiquer la méditation, la contemplation, le jap. À l’heure du silence, il ne faut pas s’inquiéter du monde. Si es en colère contre quelqu'un pendant le silence et pense à te disputer avec lui après le silence, ce n'est pas bien. Au moment du silence, quoi qu’il arrive, on devrait essayer de garder le mental uniquement tourné vers Dieu.

Question : Quand il y a le silence, la langue s’arrête-t-elle de parler ?

Ma : Le silence pour lequel on fait des efforts n’est pas un vrai silence. Lors d’un véritable silence, la question de parler ou de ne pas parler ne se pose pas.

Question : A quoi sert la pratique du silence ?

Ma : La question du silence ne se pose pas lorsque l'esprit est concentré sur Dieu. D’abord, concentrez votre mental sur Dieu. Au début, vous avez besoin de le concentrer, et ensuite vous plongez. Le mental a tendance à errer, alors il vous faut pratiquer, que vous en ayez envie ou non, que le mental soit concentré ou non. Une pratique sérieuse est essentielle pour obtenir un résultat.

Question : Qu’est-ce que le silence ? Qui est un vrai silencieux ?

Ma : Le silence signifie que le mental est dans un état de tranquillité, au-delà des trois qualités, sattva, rajas, tamas. Un véritable silencieux est quelqu’un dont le mental ne peut pas entrer du tout dans le domaine du matériel. Pour comprendre cela, vous devez commencer par dire la vérité. Faites-le pour comprendre. Que se passe-t-il quand on dit la vérité ? Comme c’est beau ! Quand vous persistez à dire la vérité, votre conduite et vos actions changent. Comment ? Vous devenez spontanément comme les sages et ceux qui empruntent le sentier de la suprême spiritualité. La question de transcender ou non ces états ne se pose pas, il devient illuminé spontanément. Comprenez-vous ? Il n’y a plus de pensée.