Extrait
chapitre
numéro
5

Ishwar, Dieu, Ishta

Classées par thèmes - préface de Jacques Vigne ; trad. de l'anglais par Jean E. Louis
Rosny-sous-Bois : Ed. Unicité, 2013

5 - Ishwar, Dieu, Ishta


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Dieu seul est là, sous la forme de la Vérité, de la Félicité et de la Béatitude. La Béatitude n’est aucunement dépendante de quoi que ce soit, si ce n’est de l’atmananda (félicité du Soi). Rien d’autre ne peut subsister. Si quelque chose subsiste, ce ne peut être qu’illusoire.

47
Lui seul fait toutes choses et fait en sorte que cela soit fait. Jo hobar hobe, que ce qui doit arriver arrive.

48
Le Grand Vide (Mahâshûnya) n’est autre que Sa manifestation. Grand Vide n’est pas synonyme de néant. Ce qui est, ce qui n’est pas. Négation du néant. Négation du tout. Tout obtenir en commençant par tout perdre – rien moins que cela.

49
Lui seul assume différentes formes, différents états. Cela a lieu quand cela doit avoir lieu. Il agit et fait en sorte que les choses se produisent. Il écoute et fait en sorte que les choses soient entendues. Chaque chose repose avec Lui, Lui seul.

50
Connaître Dieu c’est connaître le Soi. Connaître le Soi c’est connaître Dieu.

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Lui seul sait à qui Il se manifestera et sous quelle forme. L’être humain n’est pas en mesure de savoir qui, quand, comment. C’est avec une rapidité sans pareille que l’Unique appellera l’élu à Ses côtés. Les voyageurs ont de nombreuses possibilités le long du parcours qu’ils effectuent. La plupart du temps, lorsqu’Il envoie le danger, Il détruit le danger, lorsqu’Il envoie la souffrance, Il élimine la souffrance. Va vers Lui. Chaque homme doit effectuer son parcours dans le but de trouver son propre Soi. En ce lieu existe le Un grand, sublime, existant en soi-même.

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Ishwar est Cela qui est à l’origine de la recherche, c’est par cela que tout s’est manifesté, vous et chaque chose. En fait, même du point de vue de la perte et du bénéfice, il faut assurément un gros effort pour se saisir de Dieu. Ne faire aucun effort pour réaliser Dieu, équivaut à la perte, faire l’effort requis équivaut au bénéfice. Lui, bien évidemment, brille de sa propre lumière. S’élever jusqu’à Lui c’est la seule nécessité. Tout le reste est inutile. L’homme ne peut se passer de Lui. Car s’il Le quitte, il n’a pas où aller. On ne peut donc ni Le quitter, ni L’exclure. Il est chaque chose. C’est pourquoi c’est là la voie de Son jeu et de Son action. Aucune action n’est possible sans Lui. Il est le Seul, l’Unique. C’est une illusion que de s’imaginer L’oublier. Cette souffrance n’est que dans l’ignorance. Ce n’est qu’en s’efforçant de mener une vie droite et vertueuse, que l’homme parvient petit à petit à s’éloigner du malheur et à se rapprocher de la sérénité. Atteindre à la paix absolue est chose impossible sans Lui.

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Un être vivant engendre nombre d’autres êtres vivants. C’est la propagation de la vie. Un Dieu unique se partage lui-même sous forme de tous les êtres dotés de sensibilité. C’est pour cela qu’on dit : « Où il y a Jiva (l’âme individuelle) il y a Shiva ».

54
Là où Ram n’est pas, il y a vyaram (malaise). Ram signifie contenu en soimême – l’incarnation de la sérénité, l’incarnation de la connaissance et le Soi.

55
Pour l’illumination transcendante et qui dépasse tout, ce que l’on fait pour Lui, qui que ce soit qui le fasse et d’où que cela vienne, cette action arrivera jusqu’à Lui. Lui seul fait et prend ce qui est fait. En effet, il est tout à la fois le mantra et le but. En tant que tel, il est en même temps l’acteur, le maître, l’action et le but de l’action. Cette illumination est une condition véritablement requise. Il est en outre là pour la destruction de potli, de triputi. (Potli=le baluchon, on dirait en français familier ce « sac de nœuds » que représente le monde. Quant à triputi, il s’agit de la triade de la création, c’est-à-dire « celui qui agit-l’action-le résultat de l’action »).

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Dieu, quant à Lui, est sans forme et sans nom. De nouveau, lorsqu’ Il assume des formes, celles-ci sont infinies. Souvenez toujours de cela.

57
Il est Lui-même, que ce soit sous forme d’union et de séparation.

58
Savez-vous ce qui engendre l’inquiétude ? Le fait de garder Dieu à distance. C’est cela qui inquiète. Durbhuddi a la même signification. Garder Dieu à l’écart cela se dit durbuddhi. Le fait que le mental formule la pensée de Son éloignement, c’est ça durbuddhi. (Buddhi signifie penser, et dur peut signifier à la fois ‘mauvais’ et ‘à distance’, d’où le jeu de mot de Mâ.)

59
Il vous donne et continuera de vous donner ce dont vous avez besoin.

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Bien qu’agissant Il est inactif, bien qu’inactif Il agit.

61
Il est essentiel d’entrer en communion avec Ishta. Tout ce qui est immanent est Sa forme. Lui-même est sous forme de manifestation. Atma est non-duel. Qui alors est sous forme duelle ? Lui-même. Aucun être ne peut persévérer sur cette voie s’il n’a pas une certaine expérience. Et pour y demeurer, un certain niveau de coordination et d’harmonisation est nécessaire. On oublie fréquemment que Dieu est Ishta (hautement adorable) et l’on prend un objet temporel pour Ishta. Si l’on écarte Dieu et que l’on prend autre chose pour Ishta, alors c’est dui-ishta qui vient, c’està-dire dushta (dui=deux, ishta=adorable, dusta=malfaiteur). Quand cette pensée erronée disparaîtra-t-elle ? Il serait bon d’examiner attentivement tout cela. Dites-vous : « Que fais-je tout au long de mes journées ? » Ou alors : « Combien de temps ai-je passé sans même penser à Dieu ? Combien de temps ai-je passé avec mon Ishta, et combien de temps ai-je passé avec des pensées négatives dans ce courant qui porte vers la mort ? »

62
On ne peut atteindre Shreekant (Shree=déesse suprême des riches, kant=bien-aimé/époux, c’est-à-dire le Seigneur suprême) ekant (ekant=réclusion, solitude). Vivre avec le bien-aimé signifie « vivre en solitude ».

63
C’est Lui le créateur. Il est le voile et Lui seul indique le chemin pour aller au-delà de ce voile.

64
D’un côté, l’ultime Réalité, le Buddha, (c'est-à-dire la Connaissance) toujours en existence, purs, libres et éternels. D’un autre côté Dieu, a une infinité de noms, de formes et d’attributs – voilà la vérité éternelle. Les manifestations qualitatives des noms et des formes sont, en fait, la révélation de différentes vagues du principe de Dieu. Il faut vous enivrer de cela, vous en imprégner, vous y accrocher, vous y plonger et vous exposer à Lui. C’est alors seulement – et cela se comprend – que chaque chose dans cette création devient Sa manifestation, Lui-même, Son champ d’action. Lui seul est assis dans le Maha Yogasana en temps qu’immanent et transcendant dans les formes de l’action, de l’auto-action, de la non-action, du nom, de la forme et de la conscience. Lui qui est assis est également le siège. Dans la création immanente et transcendante, Il est la mort de la mort – là (en lui) la mort n’a pas sa place et le temps s’arrête. Chacun devrait prendre le chemin qui va dans cette direction.

65
Tout dépend de Dieu, dans tous les domaines. Faites-lui entendre vos prières et présentez-lui vos offrandes. Il vous faut le suivre tout au long de votre vie. Il n’y a pas d’autre voie. Sans Lui vous êtes impuissants. Parce que c’est Sa création. Tout ce qu’Il fait Il le fait pour le bien de tous. Vos pensées égoïstes et d’intérêt personnel ne sont pas bénéfiques. Vous êtes les enfants de l’immortalité, pourquoi vous laisserait-Il aller vers la mort ?

66
Si vous touchez votre doigt, vous, individus, êtes touchés, pourtant vous n’êtes pas votre doigt. Si vous touchez votre vêtement, vous êtes touché, et cependant vous n’êtes pas votre vêtement. Ainsi la « partie » de vous c’est vous et il en va de même pour votre « vous » entier. De même étant un, Il est nombreux, et étant nombreux Il est un. C’est sa Lîlâ. Il est dans Son entièreté dans un grain de sable. Tout comme Il est dans Sa complétude dans l’homme. Il est en intégralité dans Sa complétude – la complétude absolue.

67
Quand il y a l’état de Bouddha, la compassion est possible, même de l’intérieur du nirvâna. Peu importe la quantité de chaleur que vous soutirez au feu, son intensité ne diminue en rien. Avec Dieu qui possède la complétude, il n’est rien qui puisse rendre malheureux. Dans le royaume de Dieu, dont vous savez qu’Il est la plénitude même, personne, pour quelque motif que ce soit, ne peut être malheureux. Il est souverain et libre.

68
La signification de Pranava (OM) est Akshar Brahman, (l’indestructible Brahman). Le principe indestructible, qui ne décline jamais, est là, dans toutes les lettres de l’alphabet. C’est pour cela qu’il est nommé Shabda Brahman (la forme sonore de l’ultime réalité).

69
Il est le père suprême, la mère suprême, le frère suprême, l’ami, le mari – tout cela en un. Il est chaque nom et chaque forme. Il est également sans nom et sans forme. Aussi, la voie où règne Son souvenir constant dans le coeur et dans l’âme, engendre la paix. Cette voie-là doit être tentée.

70
Tous sont enfants de Dieu. Et pour Lui il ne peut être question de bas et de haut. Il tend Sa main à tous ceux qui désirent Son étreinte.

71
Il est dans la nature de Dieu de garder la porte toujours ouverte. Si ce temps et cette énergie que nous consacrons à des tâches d’ordre commun, nous les utilisons pour Lui, alors la voie vers la connaissance du Soi s’ouvre d’elle-même devant nous.

72
Tout comme la vache nettoie son veau en le léchant et le débarrasse de toutes ses salissures, Dieu Lui aussi, débarrasse Ses enfants de toutes leurs imperfections afin de les rendre purs et sacrés. Il convient de se mettre à l’oeuvre sans tarder, en gardant toujours Dieu à l’esprit.

73
Quelle que soit l’action que Dieu entreprend, Il le fait pour notre bien. La chose est difficile à comprendre pour l’être humain. C’est pour cela que lorsque les désirs d’une personne ne sont pas exaucés, il en résulte tristesse et souffrance. Maintes fois, obstacles et difficultés se dressent sur la voie d’un désir honnête et droit, ou d’un acte louable. Il faut toutefois se rappeler que les raisons pour lesquelles Il nous fait passer par là, sont audessus de notre compréhension. Il est bon et clément et nous fait don à tous moments de Sa miséricorde.

74
Dieu est parfait. Venez à Lui pour recevoir la lumière de cette perfection. La souffrance du monde est dans le sentiment de l’absence de Dieu. Là où est la révélation de Dieu, il n’y a ni dualité ni souffrance.

75
Lorsque vous voyez une pierre il n’y a pas vigraha (la conscience claire que Dieu est présent dans une statue de pierre) et lorsque vous voyez vigraha, il n’y a pas de pierre. Dieu est là quand vous pensez à son image en tant que Dieu. Si l’on dit que c’est l’image de Dieu, alors il est souhaitable de faire un effort pour Le visualiser. Lorsqu’il y a le concept « pierre », il y a « durbuddhi » (Dieu est loin. Dur = loin, buddhi = concept, intuition, Mâ joue aussi sur les mots car, comme nous l’avons vu, dur-buddhi peut aussi signifier ‘mauvaise pensée’). Ce n’est pas une réflexion spirituelle. L’intelligence dont on use pour obtenir le bonheur objectif et terre à terre, est sujette aux changements, pas sa forme immuable, mais sa forme éphémère. Mais lorsqu’il y a révélation de Dieu uniquement, il n’est plus question d’impermanence. Dans la perspective que vous avez de la création, il n’y a pas de permanence. C’est parce qu’elle est sujette aux changements qu’une pensée est dite « terre à terre », « ordinaire ». Peut-il y avoir révélation (dans la pensée ordinaire ?) – c’est la destruction. Où il y a destruction, il n’y a pas illumination du Soi. Où est le Soi ? Là, la destruction n’est pas éliminée. La destruction doit être détruite.

76
Aussi longtemps qu’il y a « moi » et « mien », il n’y a pas le sentiment de Dieu.

77
Il n’y a plus d’affliction lorsqu’on est capable d’aimer Dieu. Le sentiment même d’être séparé de Lui n’est que bonheur. Ce n’est que lorsqu’on L’aime qu’on éprouve le sentiment profond d’En être séparé. Qu’est-ce que le viraha (vi = particulier, raha = existe) ? (vi- signifie en général loin, d’om le sens ‘exister loin de’, c'est-à-dire ‘séparation’. Ici, Mâ réinterprète le mot d’une façon nouvelle). Seul celui en qui Dieu existe de façon particulièrement forte, est en mesure d’éprouver ce sentiment de séparation.