30 - LE MONDE
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Le monde est un champ de bataille. A vous de remporter la bataille, en devenant riche, riche de la plus belle richesse qui soit.
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Les habitants de ce monde sont persuadés que ce lieu est de la plus haute importance. Or ce monde est en constant changement et nécessite d’interminables corrections et rectifications. Les sempiternelles allées et venues forment une sorte de ballet composé de bonheur et de souffrance. Ceux qui jouent différents rôles sur cette scène n’en oublient pas pour autant leur être véritable. Vous tous êtes les enfants de l’immortalité. Votre propre forme est celle de la vérité, de la bonté et de la beauté (satyam, shivam, sundaram).
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Appelez l’Un, Celui qui vous a donné le monde, l’abondance et la jeunesse. Appelez-Le et manifestez-Lui votre amour. Pourquoi ne pouvezvous pas le faire ? Il faut que vous le fassiez. L’être humain peut tout faire. Qui sait ce qu’Il peut vous donner et par l’intermédiaire de qui ? Chaque chose Lui appartient. Que possédiez-vous lorsque vous êtes nés ? Rien ! Vous êtes venus au monde les mains vides. Avez-vous acquis tout cela pour vous-mêmes ? Tout est à Lui. Essayez de toujours garder ce bhava (attitude intérieure), quoiqu’Il vous demande.
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C’est là la forme du monde. Toutes les naissances normales et les vies qui s’ensuivent sont orientées vers expérience (bhog). Vous êtes tenus de revenir dans ce monde-ci pour vivre l’expérience des soifs et des désirs encore inassouvis. Le bonheur et les plaisirs de ce monde ne durent pas. C’est bien pour cela qu’ils sont accompagnés de toutes sortes de souffrances. En fait ils ne font que duper notre esprit. Les vrais guerriers, les gens de valeur, les grandes âmes qui sont sans désir, vous indiquent, eux, la voie vers l’éternelle béatitude. Le rôle de l’être humain est d’être à la recherche de l’éternité. Il est souhaitable au plus haut point de parvenir à cet état où les souffrances de ce monde n’ont plus leur place. Lorsqu’on est censé rester un certain nombre de jours dans l’auberge (dharmashâlâ) on est tenu de n’y rester que pour la durée prévue. C’est Sa forme universelle. Vous Le servez de cette manière. Gardez votre esprit éveillé – là où il y a jiva, il y a Shiva, là où il y a une femme, il y a Gauri. Effectuez uniquement le service aux manifestations du « Cela ». Il est naturel que l’esprit vole vers les êtres chers qui s’en sont allés, mais il vous faut garder votre esprit aux pieds du Seigneur. Ce n’est que de cette manière que vous trouverez la voie vers la sérénité pour ceux que vous aimez et pour votre propre Soi. Souvenez-vous de cela.
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Vous vous agrippez à chaque chose, convaincus qu’elle vous appartient. De cette manière vous ne faites qu’aller au-devant de la souffrance. C’est à Lui que chaque chose appartient, raison pour laquelle vous devez faire appel à Lui. C’est la plus belle invocation qui soit. Que se passe-t-il lorsque vous entrez en possession de toutes ces choses matérielles que vous convoitez ? Vous avez eu largement le temps de constater les conséquences de cet état de fait. Partout où il y a des gens riches, des jeunes, il y a aussi des gens âgés, il y a la mort, la maladie, la pauvreté. Eh bien Lui aussi a tout cela dans Ses réserves. Et il vous faudra faire l’expérience de tout cela. Ce monde n’est pas un endroit pour le bonheur et la sérénité. Ne voyezvous pas qu’il y a peine et douleur tout le long du chemin ? N’arrivez-vous toujours pas à vous demander : qui appartient à qui ?
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Pourquoi les ennuis de ce monde devraient-ils vous rendre inquiets et furieux ? Mieux vaut être fou du Bien suprême. On ne peut avoir le courant de la concentration qui coule constamment, mais le flot de l’énergie de la vie s’écoule de toutes façons. Pourquoi voulez-vous vous glisser dans le flot des affaires matérielles qui sèment le désordre et l’agitation ? Si vous devez choisir de couler, pourquoi ne coulez-vous pas dans le déluge du bien suprême (paramârtha).
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Dans ce monde-ci, ne cherchez pas à devenir un patron, un propriétaire, devenez jardinier. Toutes sortes de problèmes surgissent quand on est patron. Alors que vous n’aurez pas à vous battre si vous êtes un simple jardinier. Le monde appartient au Seigneur. Je ne suis que sa servante, c’est tout. Je continuerai à le servir et à exécuter Ses ordres. Si vous êtes en mesure de vivre, tout le temps, la vie de famille dans cet état d’esprit, vous réussirez à n’établir aucun lien, aucun karma nouveau. Vous êtes seulement en train de vivre l’expérience des karmas anciens, car c’est pour cela que vous êtes nés (parabdha). Si vous pouvez vivre votre vie en tenant toujours compte de cela, pourquoi devrait-il y avoir la moindre peur ? En fait, Lui fera en sorte que chaque chose advienne de la juste façon.
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La vie n’est pas éternelle. Mais pourquoi torturer votre esprit en pensant tout le temps à cela ? Continuez à accomplir votre devoir, soyez constant et courageux. Et rappelez-vous que Lui seul peut tout faire. Chaque chose. Quoiqu’Il demande à chacun, il s’agit toujours de la juste chose. Cherchez à devenir un instrument entre Ses mains. Et cessez de vous préoccuper à ce point.
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Après avoir écouté un malade lui parler de son mal, Mâ lui dit : « Tout dépend de Lui. Rien que de Lui. Remettez-vous en à Lui, quelque soit votre état. ‘C’est Vous Seigneur, c’est Vous sous forme de la maladie. Donnez-moi la patience et la force de la supporter’. Priez-Le tout le temps : ‘Seigneur, aidez-moi à comprendre cela, à comprendre que c’est Vous qui êtes dans cette forme-là.’»
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Hâtez-vous de prendre la direction qui conduit à la voie de la réalisation du Soi. La direction que prend le voyage de la vie ne devrait pas être celle qui mène au monde des formes, des mots, des sens et des sensations. Cet endroit, ce monde-là, perdu quelque part dans l’univers, n’est que trop connu. Il faut se diriger vers le lieu où l’esprit ne sera pas noyé dans ces remous… Le monde est sans valeur. Des allées et venues incessantes…Personne n’appartient à personne…Et vous continuez à vous y agripper encore et toujours ?
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Aucun être humain ne peut être heureux du seul fait qu’il parcourt le monde de droite et de gauche. La route qui conduit au bien suprême est la seule et unique voie qui aboutit au royaume de la béatitude finale. Veillez à rester et à progresser sur cette voie qui est votre véritable voie, celle où il n’est plus question de bonheur ou de malheur. Celle qui mène à la suprême béatitude, là où l’ego n’existe pas.
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Au cours du voyage de la vie, toutes sortes de maux peuvent frapper le voyageur, de différentes façons et sous différentes formes. Quelque soit le degré de votre souffrance dans la vie, dites-vous : je n’aurai plus à connaître cette souffrance. J’accomplis ma pénitence. Je me rapproche de Dieu.
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Au cours de la vie, à un moment ou à un autre, le coeur connaît de grandes douleurs. Souvenez-vous et dites-vous toujours, dans ces moments-là, que Dieu agit toujours pour votre bien (mangal).
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Vous pensez que la « chose ronde » (gol) est la chose la plus digne d’intérêt qui soit (maal). C’est pour cela qu’il y a tellement de problèmes (golmaal). Et qu’est-ce que c’est la « chose ronde » ? L’argent. Tachez plutôt de vous agripper fermement à cette chose qui est une et entière (purna). Là, il n’est pas question de forme ou d’absence de forme. Là, les problèmes n’existent pas.
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Dans la vie, tout un chacun peut être passionné, « fou » d’une chose ou d’une autre. Certains le sont totalement, d’autres, dans une moindre mesure. Eh bien sachez que le jeu de Dieu (lîlâ) est hautement drôle et dispensateur de joie. D’ailleurs Il a créé une « maisons de fous »...Essayez de trouver votre Soi à travers votre soi (nijiti nijai en bengali, littéralement « dans soi-même, soi-même »), tournez votre regard vers le dedans.
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Le monde est un lieu de doute. Ceux qui croient qu’une fiction est une réalité, créent en fait, la fiction elle-même. C’est pour cela que le monde est connu en tant que tel.
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Le devoir de l’être humain est d’emprunter la voie de la foi et de la dévotion. Il est normal d’entendre et de sentir les coups et les craquements du monde. Cela vous enseigne le monde et vous fait comprendre ce qu’il est en réalité. Et vient ensuite une diminution des désirs et la progression se poursuit vers la félicité.
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Lorsque vous restez chez vous, dans votre propre maison, entourés de vos proches, la joie règne. Mais lorsque vous êtes dans un milieu qui n’est pas le vôtre, c’est la mélancolie et la tristesse qui règnent. Et vous avez envie de regagner votre maison et retrouver la compagnie de ceux que vous aimez. Combien de temps encore comptez-vous rester loin de chez vous et être tristes et malheureux ?
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Vous devriez oeuvrer avec vos mains tout en continuant, dans votre esprit, le japa de l’Ishta. En faisant cela, votre travail sera bien fait et il y aura quelque espoir que cela soit bénéfique pour le monde. Si vous vivez votre vie sans dharma, vous passerez votre existence ballottée par les vagues d’une mer de souffrances. Si vous voulez vivre dans le monde, il est impératif que vous viviez une vie de dharma.
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Invoquez-Le. Tout dépend de Lui. Où que vous soyez, chérissez Son étreinte. Si vous désirez le bonheur dans ce monde, efforcez-vous de parvenir à Sa réalisation. Vous savez, vous avez vu ce qu’est le monde. Le malheur y apparaît chaque jour, partout. Le monde est connu pour cela.