"Je"
Question : Quelle est la signification du dicton de la Bible : "Frappez et la porte vous sera ouverte" ?
Fait-elle référence à l'ouverture de la porte de l'ego ?
Réponse : Quelle est votre opinion ?
Il est évident que l'on doit briser son propre ego.
Question : Lorsque les murs qui constituent l'ego ont été démolis, que se passe-t-il ?
Réponse : Sur quelles fondations ces murs reposent-ils ?
Questionneur : Sur tout ce qui empêche l'accès à la Lumière du Soi.
Réponse : Vous avez vous-même donné la réponse !
Questionneur : Mais qu'est-ce que l'ego en réalité ?
Réponse : Vous vous imaginez que vous êtes l'auteur de vos actions - cela indique l'existence de l'ego en vous. "Duniya" (monde) signifie "di-niya" (basé sur la dualité).
Ici, la cause du conflit réside dans l'idée que l'ego est l'auteur des actions. La dualité engendre des conflits, des problèmes, le "moi" séparé et ses activités. L'ego est présent dans le "moi" imparfait, tandis que la réalisation "Je suis le Soi" (Atma) est celle du "moi" parfait. Le résultat de l'égoïsme est l'aveuglement. Dans l'attitude d'esprit exprimée dans "Je suis le serviteur éternel du Seigneur", il semble également y avoir une dualité, mais le "je" mondain ne survit plus.
Les racines de l'ego ne seront pas détruites tant que le "moi" ne sera pas parfait - en d'autres termes, tant que "Aham Brahmasmi" (Je suis l'Être suprême) n'aura pas été réalisé.
Question : Lequel des deux est le mieux : défoncer la porte et entrer, ou, après avoir défoncé l'ego, rester couché sur le seuil de la porte ?
Réponse : Dans le premier cas, l'ego a encore confiance en son propre pouvoir et en ses capacités, tandis que dans le second cas, il s'agit d'un abandon de soi - et c'est pourquoi Il est sûr de vous laisser voir la Lumière Eternelle par la porte ouverte.
Question : Ai-je raison de croire que vous êtes Dieu ?
Réponse : Il n'y a rien d'autre que Lui seul, tout le monde et toutes les choses ne sont que des formes de Dieu.
En votre personne, Il est également venu ici pour donner son darshan.
Question : Nous vous entendons souvent dire : "Pensez à Dieu."
Mais Dieu est sûrement impensable et sans forme.
Ce à quoi on peut penser doit avoir un nom et une forme et ne peut donc pas être Dieu.
Réponse : Oui, sans aucun doute, Il est au-delà de la pensée, de la forme et de la description, et pourtant je dis : "Pensez à Lui !"
Pourquoi ?
Parce que vous êtes identifié à l'ego, parce que vous pensez être celui qui agit, parce que vous dites : "Je peux faire ceci et cela", et puisque vous vous mettez en colère, que vous êtes avide, et ainsi de suite, vous devez donc appliquer votre "moi" à la pensée de Lui.
Il est vrai qu'Il est sans forme, sans nom, immuable, insondable.
Pourtant, Il est venu à vous sous la forme du Son éternel ou de la descente de Dieu sous la forme du Verbe, ou sous la forme d'un Avatar.
Ceux-ci aussi sont Lui-même et par conséquent, si vous vous en tenez à Son nom et contemplez Sa forme, le voile qui est votre "moi" s'usera et alors, Lui, qui est au-delà de la forme et de la pensée, sera...
Vous pensez que vous vous engagez dans la sadhana, mais en réalité c'est Lui qui fait tout, sans Lui rien ne peut être fait.
Et si vous vous imaginez que vous recevez en fonction de ce que vous faites, ce n'est pas correct non plus, car Dieu n'est pas un marchand, avec Lui il n'y a pas de marchandage.
Q : Y a-t-il une différence essentielle entre moi-même et vous-même ?
Mâ : Seulement parce qu'Il est existe un JE et un VOUS.
Mâ (en riant) : Baba, qu'est-ce qu'on appelle philosophie ?
Upendra : Qu’est-ce que j'en sais ?
Mâ : Oh! Vous connaissez tant de choses ! Vous enseignez les garçons (en me regardant) : Est-ce que ce n'est pas vrai ? Est-ce qu'il n'est pas professeur ?
Moi-même : Oui, Mâ, il enseignait, mais maintenant il est à la retraite.
Mâ (en riant) : Ainsi donc, vous êtes un enseignant plein d'expérience. Dites-moi, qu'est-ce que signifie "philosophie"?
Upendra : Je ne pourrais parler que simplement si vous me le demandez. Pourquoi ne parlez-vous pas ?
Mâ : Qu'ai-je donc étudié ? Vous, dites-nous !
Upendra : Parler de quelque chose dont on n'a pas la connaissance, voilà ce qu'on appelle philosophie!
Mâ : Peut-on parler sans connaître quoi que ce soit?
Upendra : Bien qu'on ne sache pas, on prétend savoir.
Mâ (en riant) : Oui, c'est savoir quelque chose sans le comprendre. Mais Baba, vous avez très bien parlé, en fait.
Afin de Le connaître, vous devez entrer dans votre vraie nature.
Vous demeurez dans le royaume du manque constant. Tout ce que vous faites ne fait que produire de plus en plus de manque. Il ne peut y avoir de paix tant que vous ne transformez pas cet état de manque (abhâva) en votre vraie nature (svabhâva).
Upendra : Que devons-nous faire ?
Mâ : Je vous répète ce que je dis à tout le monde : commencez avec vos études ! Ce qui est destiné à arriver aura lieu de lui-même.
Tenez, quand les enfants commencent à étudier, ils ont d'habitude un sujet dans lequel ils sont particulièrement forts. De même, quand quelqu'un se met en chemin pour la quête de la réalisation de Dieu, tout ce qui doit être fait se trouve révélé à partir de son propre intérieur. C'est pour cela qu'on dit que Dieu brille de Lui-même. Il montre lui-même le chemin qui mène à Sa réalisation. Ce qui est nécessaire pour vous, c'est simplement de vous mettre au travail - de commencer vos études.
Très souvent, vous niez que votre mental soit agité et qu'il vous est impossible de le stabiliser. Mais en fait, de par sa propre nature, le mental ne peut se reposer. C'est pour cela que je considère le mental comme un enfant. L'intelligence et le sens du 'je' (ahamkâra) sont les parents du mental - enfant. De même que le père et la mère influencent leur enfant qui ne veut pas travailler de différentes façons afin de le persuader d'apprendre à lire et à écrire, ainsi, grâce au discernement de votre sens du 'je' et de votre intelligence, vous devez concentrer votre mental. Ce travail doit être accompli avec patience et avec le zèle d'un esprit bien unifié. Sinon, il n'y aura pas de résultats. De même que quand vous désirez extraire de l'eau du sol, vous devez creuser patiemment à l'endroit choisi et ne pas piocher un peu par ici un peu par là, de même, afin de réaliser Dieu, vous devez pratiquer pendant longtemps avec une dévotion unifiée et une persévérance des plus grandes.
Souvent, on entend dire, quel que soit le nombre de fautes que le plus grand des pécheurs puisse avoir commis, ils seront tous purifiés en prononçant le nom de Râm même une seule fois. Cela est tout à fait vrai, tout comme une seule étincelle de feu brûle plus d'objets que ce que l'homme ne pourra jamais accumuler. Que vous récitiez son nom ou que vous l'adoriez, quoi que vous fassiez pour réaliser Dieu, si vous l'effectuez avec une patience sans faille et une dévotion unifiée, vous trouverez le chemin de la paix durable.
En nettoyant la forêt, vous obtenez un champ, vous n'avez pas besoin de créer un nouveau champ.
Vous répétez souvent "je-je" (ahamkar) "je suis Lui" (soham), n'est-ce pas ?
Savez-vous où cela mène ? C'est comme l'arbre et son ombre, si vous suivez l'ombre, vous arriverez à l'arbre.
De même, en vous concentrant sur "aham", vous arriverez au "soham".
(Elle contemplait une feuille de bougainvillier)
Mâ : Comme c'est beau ! Regardez, les feuilles sont ocres.
Le visiteur : Dans mon pays toutes les feuilles tournent à l'ocre à l'automne.
Mâ : Dans votre pays ? Quel est votre pays ?
Le visiteur : Là où j'était avant de venir en Inde.
Mâ : Avant, ça veut dire quoi ? Et avant, où étiez-vous ?
Le visiteur : Avec vous.
Mâ : Avec moi ? Comment le savez-vous ?
Le visiteur : Vous le savez !
Mâ : Comment savez-vous que je sais ?
Le visiteur : Je ne sais pas.
Mâ : Comment savez-vous que vous ne savez pas ?
Le visiteur : Je ne sais rien ; je suis un fou !
Mâ : Comment savez-vous que vous êtes un fou ?
Le visiteur : Maintenant, il vaudrait mieux que je reste silencieux !
Mâ : Et quelle sera l'utilité de votre silence ?
Le visiteur : Des propos vains et insensés ne seront pas prononcés.
Mâ : Et pour quel avantage ?
Le visiteur : Je n'en sais rien.
Mâ : Vous n'en savez rien ? Vous redites que vous n'en savez rien ? Quelqu'un qui ne sait rien peut-il s'agacer ? Si l'on sait, on peut s'irriter de voir que les choses ne sont pas comme elles devraient être ! Mais un fou ne peut pas être dépité, car il ne sait pas ce qui devrait être. Toujours, souvenez-vous que vous êtes un fou et que par là rien ne peut vous décevoir. C'est le "je" qui proteste et c'est le "je" dont il faut se défaire. Alors le fou sera peut-être un éveillé...
En tout cas, gardez en tête que vous ne savez rien et que de ce fait rien ne peut vous irriter. Alors le "je" s'évanouira et la joie surgira.