Dualité
Q : Mais ne dites-vous pas Hari kathâ hi kathâ aur dab vrithâ viathâ : on doit parler de Lui seul, tout le reste n’est que vanité et souffrance.
S’il n’y a que le Un-sans-second, comment peut-il y avoir des paroles et un discours ?
Mâ : Demeurez seulement en Lui, habitez seulement en Lui !
On ne peut Le laisser de côté, bien qu’on puisse essayer de L’exclure.
Il est toujours là, mais si vous Le reconnaissez, Il sera aussi là sur le plan où les conversations et les discussions existent.
(à la suite d'un échange sur la relation entre l'ego et le Soi)
Question : Je veux vous poser une question, Mâ.
Mâ : Non, non, je connais votre question, je vais la poser moi-même. Vous voulez poser la question de la dualité (dvaïta) et de la non-dualité (advaïta).
Voici ma réponse : la position dualiste est acceptée du point de vue du disciple, mais du point de vue du but, c'est la non-dualité qui est vraie.
Swami Prakashânanda : Mâ a expliqué le paradoxe des rapports entre le point de vue dualiste et le point de vue non-dualiste. La position du disciple, au début, est forcément dualiste et c'est pour cela que, bien que nous soyons non-dualistes, nous assumons la position dualiste pour aider ceux qui commencent une ascèse.
Mâ : Quand on commence la sadhana, on dit : "Voici Krishna" ou "Voici Rama" ou "Voici le Seigneur", etc.
Mais après avoir réalisé la vraie nature de Krishna ou de Rama ou du Seigneur, on dit : "Tout est Krishna" ou "Tout est Rama" ou "Tout est le Seigneur".
Cela étant, où est alors la différence entre le point de vue dualiste et le point de vue non-dualiste ?
Le Dieu qui a formes et qualités et qui, au départ, est ressenti par le sadhaka comme un autre que lui, ce même Dieu est ensuite réalisé comme étant la totalité de l'existence, le Brahman omniprésent.
Quand le sadhaka réalise cela, il se fond en Brahman. Alors ce qui était dévotion ou amour de Dieu est transcendé.
Il n'y a plus ni dévotion ni absence de dévotion, car il n'y a plus de différence entre Dieu et son adorateur.
Q : Que dire ? Je n'ai pas de foi dans les questions spirituelles !
Mâ : Où le "non" se trouve, le "oui " est là aussi potentiellement.
Qui peut affirmer être au-delà de la négation et de l'affirmation ?
Avoir une foi est impératif, la croyance d'une personne est grandement influencé par son environnement ; c'est pourquoi, choisissez la compagnie de personnes saintes et sages.
Croire signifie croire en son propre Soi ; ne pas croire signifie confondre par erreur le non-Soi avec le Soi.
Mâ : Pour celui qui est dans la Vérité pure, tout est soit "Je" soit "Tu".
Je le répète, "Je", "Tu" et l’univers, tous trois se dissolvent dans le Suprême.
C’est ceci, atteindre Dieu ou avoir la vision de Brahman.
Pramatha Babu : Mais on dit que Dieu vient et se manifeste ; Les gens peuvent parler avec Lui. Est-ce que tout cela est faux ?
Mâ : je dis que c’est tout à fait faux.
(Après un bref intervalle) Je dis encore que c’est tout à fait vrai. C’est ce dont nous parlions ce matin.
Ces visions, ces vibrations sont vraies tant que nous sommes au niveau d’une nature fondée sur le besoin.
Au moment-même où nous nous installons dans notre véritable nature, toutes les distinctions disparaissent.
Question : J'ai lu dans des livres que certains êtres disent qu'ils doivent descendre pour agir dans le monde. Cela semble impliquer que, bien que l'on soit établi dans l'Être pur, on doit recevoir l'aide de l'esprit pour travailler. Tout comme un roi, lorsqu'il joue le rôle d'un balayeur, doit, pour l'instant, s'imaginer qu'il est un balayeur.
Réponse : En assumant un rôle, il n'est certainement pas question d'ascension ou de descente. En demeurant dans Son propre Être essentiel, Il met lui-même en scène une pièce de théâtre avec lui-même. Mais lorsque vous parlez d'ascension et de descente, où se trouve cet état d'Être pur ?
Brahman est un sans second.
Bien que sous votre angle de vue, je l'admets, il apparaît comme vous le dites.
Question : Vous avez expliqué cela depuis le niveau de l'ignorance. Maintenant, s'il vous plaît, parlez du niveau de l'illuminé !
Réponse : (en riant)... Ce que tu dis maintenant, je l'accepte aussi. Ici (en se montrant du doigt), rien n'est rejeté. Qu'il s'agisse de l'état d'illumination ou d'ignorance - tout est correct.
Le fait est que vous êtes dans le doute.
Mais ici, il n'est pas question de doute. Quoi que vous puissiez dire et à n'importe quel niveau - c'est Lui et Lui et seulement Lui.
Question : S'il en est ainsi, est-il utile de vous poser d'autres questions ?
Réponse : Ce qui est, est. Il est naturel que des doutes surgissent. Mais ce qui est étonnant, c'est que là où Cela est, il n'y a même pas de place pour des prises de position différentes. Les problèmes sont discutés, certainement, dans le but de dissoudre les doutes.
Il est donc utile de discuter. Qui peut dire quand le voile sera levé de vos yeux ? Le but de la discussion est de dissoudre ce mode de vision ordinaire. Une telle vision n'est pas une vision du tout, car elle n'est que temporaire.
La vraie vision est celle pour laquelle il n'y a pas de différence entre voir et être vu. Elle est sans yeux - elle ne doit pas être observée avec ces yeux ordinaires, mais avec les yeux de la sagesse. Dans cette vision sans yeux, il n'y a pas de place pour la "di-vision".