Le Chemin
Q : Une fois, en méditant dans une pièce obscure, j'ai eu l'impression qu'elle était baignée par le clair de lune ; mais lorsque j'ai ouvert les yeux, je me suis aperçu que j'étais dans le noir. Qu'est-ce que cela veut dire ?
Mâ : Voir de la lumière est un bon signe. 
Tant que le chemin n'est pas éclairé, comment peut-on voir quelque chose ? 
Il en va de même dans le monde matériel, tant qu'il n'y a pas d'éclairage vous n'y voyez rien. A présent il y a la lumière à l'extérieur et l'obscurité au-dedans. 
Quand la lumière se répand sur le monde intérieur, celle du dehors s'efface. 
Cependant, il s'agit d'un stade où il y a encore une différenciation entre intérieur et extérieur ; mais il y en a un autre après où il n'y a plus ni intérieur ni extérieur, l'ensemble des choses est vu comme un tout.
Q : je vous ai entendue dire que tous les instants sont contenus dans l'Instant suprême. Je ne comprends pas.
Mâ : Le moment de naître conditionne une nouvelle expérience de vie. A l'Instant suprême, tout est accompli ! Notre destin est comblé !
Vous le savez, en vous engageant dans l'action, vous répondez aux nécessités de la nature ; la qualité (guna) de la nature est de se multiplier (également guna).
Le monde est transitoire, périssable, mais un esprit dévoué, une pensée affinée, savent consumer l'impermanence de la nature humaine.
Quand il n'y a plus rien à brûler, là est le moment de toute éternité ! Saisir ce moment, là est votre destin. 
En réalité, il est Cela ; Tout-Cela. Comment Cela pourrait laisser quoi que ce soit en dehors ? 
Qui a plongé dans ce courant ne peut plus séparer présent, passé, futur.
Un yogi peut saisir un objet placé de l'autre côté d'un mur, en tendant simplement la main ! Pour lui, le mur n'est pas là, même s'il existe, et même s'il n'y a pas de mur, c'est comme s'il y en avait un. Pour comprendre : Imaginez derrière un voile, un objet. Devant vous, c'est entendue, s'interpose le voile ; mais il n'était pas là quelque temps avant ; il n'est pas dit qu'il sera là quelque temps après. Alors quelle est sa présence maintenant ? C'est un exemple pour tenter de dire.
Le mur qui est supposé faire obstruction, ne contrarie pas le geste du yogi. De même, le yogi peut percevoir un objet invisible pour les autres.
Mouvement, repos, bien que chacun garde sa spécificité, ne s'opposent pas non plus, pour qui voit vraiment.
Tout est possible — mais ce corps n'est pas enclin à tout dire ! Nous approchons là, le domaine du merveilleux.
Revenons à l'Instant. 
Les moments tels que vous les vivez, sont tétanisés. L'Instant contient l'être et le devenir ; il contient tout ; rien n'est là et tout est là.
Il n'y a pas même d'opposition entre cet Instant et des moments qui ne sont que des bouts de temps ! 
L'Instant est temps, mais pas ce que vous nommez "temps". 
Le temps (samaya) est saturé de Soi (sva mayi), tissé du seul Soi, où rien n'existe, sauf le Soi ! 
Question : Qu'est-ce que la "Grâce du Guru" ?
Réponse : Lorsque le Guru accorde ses instructions, ainsi que la capacité de les traduire en action - c'est sa Grâce. La grâce est déversée à tout moment. Mais elle ne peut pas entrer car le réceptacle est à l'envers. Quand on devient réceptif, on est capable de recevoir la Grâce. Le moyen de retourner le réceptacle dans le bon sens est d'obéir à la lettre aux ordres du gourou.
En vertu du yoga de la pratique soutenue, le voile se déchirera et le Soi se révélera - on avancera vers sa vraie demeure.
Tant qu'il y aura des envies, on naîtra encore et encore ; en d'autres termes, l'existence physique se poursuit à cause du sentiment de manque. Par une pratique spirituelle soutenue, on peut s'en libérer. Pour que le fait de l'union éternelle de l'homme avec l'Unique puisse être révélé, il faut suivre les commandements du gourou.
En agissant ainsi, on devient digne de sa grâce.
Le Guru, dans sa compassion, indique à chacun son propre chemin, le chemin qui mène à la réalisation du Soi.
Il existe deux types de grâce, à savoir avec et sans cause ou raison. La première est obtenue comme résultat de nos actions ; mais lorsqu'on comprend que l'on ne peut arriver à rien par ses propres efforts, on reçoit la grâce sans cause ni raison.
De l'état d'impuissance totale, elle élève l'homme.
Pendant le satsang, deux aveugles vinrent pour parler avec Mataji. 
L’un d’eux demanda : 
- Comment avoir la vision de Dieu ? S’il vous plaît, dites-moi la manière la plus facile d’y arriver !
- Mâ répliqua :
Cherchez-Le pour Lui-même... 
Ne soyez pas même intéressé par votre progrès spirituel, car c’est une préoccupation qui n’est pas dépourvue d’ego. 
Cherchez Dieu parce que c’est votre nature de faire ainsi, parce que vous ne pouvez pas rester sans Lui.
Question : Quels sont les avantages que l'on peut tirer du hatha yoga - et quels sont ses inconvénients ?
Réponse : Que signifie "hatha" ?
Faire quelque chose par la force. "Être" est une chose et "faire" en est une autre. Quand il y a "être", il y aura la manifestation de ce qui doit être manifesté, grâce au prana qui fonctionne dans un centre particulier du corps.
Mais si le hatha yoga est pratiqué comme un simple exercice de gymnastique physique, l'esprit ne sera pas transformé le moins du monde.
L'exercice physique améliore la forme du corps. On entend assez souvent parler de cas où l'abandon de la pratique des postures yogiques (asanas) a entraîné des troubles physiques. Tout comme le corps s'affaiblit par manque de nourriture adéquate, l'esprit a besoin d'une nourriture appropriée. Lorsque l'esprit reçoit une nourriture appropriée, l'homme se dirige vers Dieu, alors qu'en s'occupant du corps, il ne fait qu'accroître sa mondanité. La simple gymnastique est une nourriture pour le corps. Lorsque la forme physique résultant du hatha yoga est utilisée comme une aide à l'effort spirituel, elle n'est pas gaspillée.
Sinon, ce n'est pas du yoga mais du bhoga, de la jouissance.
Dans l'être sans effort se trouve le chemin vers l'infini. Si le hatha yoga ne vise pas l'Éternel, il n'est rien de plus qu'une gymnastique. Si, dans le cours normal de la pratique, on ne ressent pas Son contact, le yoga n'a servi à rien.
On rencontre des personnes qui, en s'adonnant à toutes sortes d'exercices yogiques comme le neti, le dhauti et autres, sont tombées gravement malades.
Un professeur compétent, qui comprend chaque changement dans le mouvement du prana du disciple, l'accélère ou le retient en conséquence - tout comme un timonier dirige un bateau en gardant le gouvernail fermement sous contrôle en permanence. Sans une telle direction, le hatha yoga n'est pas bénéfique.
Celui qui veut être un guide doit avoir une connaissance directe de tout ce qui peut se produire à n'importe quel stade, doit le voir avec la parfaite acuité de la perception directe. Car n'est-il pas le médecin sur le chemin du Suprême ? Sans l'aide d'un tel médecin, on peut craindre de se blesser.
Tout devient lisse une fois que la bénédiction de Son toucher a été ressentie. Par conséquent, il est préjudiciable de ne pas faire l'expérience de ce "toucher". Il faut entrer dans le rythme de sa vraie nature. Sa révélation, telle un éclair, nous attirera vers elle instantanément, irrésistiblement ; il arrive un moment où aucune autre action n'est nécessaire. Tant que ce contact n'est pas établi, consacrez à Dieu toutes les inclinations ou désinclinations que vous pouvez avoir - consacrez-vous au service, à la méditation, à la contemplation, à tout ce qui est de ce genre.