Pratiques spirituelles
Question : La grâce de Dieu est-elle nécessaire pour pouvoir commencer les pratiques spirituelles, ou est-ce que cette grâce est obtenue par ces pratiques ?
A quel moment la grâce de Dieu intervient-elle dans la sadhana ?
Mâ : La grâce de Dieu se déverse en permanence sur vous.
L'esprit est comme un pot. Si son ouverture est tournée vers le haut, la pluie de la grâce peut l'inonder.
Mais, si son ouverture est tournée vers le bas, le pot ne peut rien recueillir.
Le seul effort qui soit à faire, c'est de tourner l'ouverture de l'esprit dans le bon sens pour que la grâce omniprésente de Dieu puisse s'y déverser.
Cette grâce a été, est et sera toujours. Il n'y a jamais d'interruption dans le flot de la grâce divine.
Avoir foi en Dieu, le prier et s'abandonner à lui, voilà l'effort qui est à faire pour vous ouvrir et recevoir sa grâce toujours présente.
Quand vous faites cela, il arrive un moment où vous n'êtes plus capable de savoir si vous recevez ou non la grâce car vous êtes immergé en elle.
Vous réalisez alors que tout ce qui est n'est rien d'autre que la grâce de Dieu.
Vous devez cultiver cette attitude d'ouverture à la grâce et toujours vous rappeler sa nécessité.
Alors, naturellement, vous serez en permanence en cette grâce.
Question : Oui, mais cette grâce n'est-elle qu'un résultat de la sadhana ?
N'intervient-elle pas plutôt avant, pour nous faire commencer l'ascèse ?
Mâ : J'ai déjà répondu à cette question : pour recevoir la grâce divine, on doit inévitablement pratiquer la sadhana.
Swâmi Prakashânanda : Quand vous faites votre japa, que votre pratique ne rencontre pas d'obstacles et que votre concentration est profonde, c'est le signe que vous êtes en état de grâce. La grâce coule tout le temps sur celui qui demeure dans cet état de grande concentration.
Sans la grâce de Dieu, vous pouvez pratiquer la sadhana pendant des vies et des vies sans résultat.
Mais le fait que vous soyez venu ici est le signe même de la grâce de Dieu, c'est le signe d'une grâce divine. Si vous êtes attaché à cette pratique, c'est un signe encore plus indubitable de cette grâce. Si vous êtes fou de votre sadhana, alors c'est que vous êtes en état de très grande grâce.
La sadhana pratiquée avec cœur et assiduité est donc le moyen d'obtenir la grâce de Dieu. Mais d'un autre côté, sans la grâce de Dieu ou du guru, il n'est pas possible d'avoir la concentration nécessaire à la sadhana.
Q : Mâ, pourquoi perdez-vous votre temps avec nous ?
Nous n'avons aucun appétit pour ce que vous nous proposez comme chemin de vie !
Mâ : Vous êtes dans le vrai !
Mais vous conviendrez que le manque d'appétit est un signe de mauvaise santé !
(rires)
Vous pouvez retrouver votre bonne santé en suivant une diète et en prenant quelques médicaments.
La diète : fréquenter des gens éclairés (satsang), lire de bons livres.
Les médicaments : vos prières (japa). Que ça vous soit agréable ou non, préservez un petit moment chaque jour pour chanter un nom de Die (nama japa).
Vous verrez, votre appétit se réveillera !
Q : Mâ, l'autre jour, vous m'avez demandé de faire le japa de Gayatrî. Pourquoi ?
Mâ : J'ai vu qu'il y avait une cordelette sacrée sur votre épaule.
Si on vous demande de décliner votre identité, vous direz : "Je suis un brahmine". Ainsi, vous devez effectuer les pratiques d'un brahmine.
Vous n'avez pas à vous demander pourquoi ou à cause de quoi.
Comme vous arrosez les racines d'une plante, pratiquez un petit peu de japa tous les jours.
Qui sait, la plante peut revivre, vous pourrez ressentir un vrai besoin de faire vos pratiques avec un grand sérieux.
Q : Mais je ne peux pas suivre les règles de régime, etc.
Mâ : Vous n'en avez pas besoin. Souvenez-vous simplement du mantra.
C'est ce que je dis, maintenant la balle est dans votre camp.
Un jour, Shrî Mâ dit en riant :
" Quand vous chantez. les noms divins ou les mantra, votre esprit est progressivement purifié ;
I`amour et la vénération pour l'Etre suprême est éveillé et vos pensées deviennent pures et subtiles.
Alors vous vous mettez à avoir des aperçus de plans supérieurs d'existence et à travailler pour votre progrès spirituel."
Q : Mâtâji, quelle est l'utilité de suivre une sâdhanâ, de faire du japa, de la méditation, des cérémonies religieuses et tout le reste ? Nous pratiquons depuis des années. Mais en retour de tout ces efforts et altruisme, que reçoit-on ? Nous ne le savons pas ! Tout cela conduit-il plus près de la Réalité ?
Mâ : Quand vous lavez vos affaires vous mettez du savon, n'est-ce pas ? Mais il est vrai qu'elles ne seront propres qu'après avoir été rincées encore et encore, et qu'ait disparu toute trace de savon. La saleté peut-elle disparaître sans savon ? La pensée du Divin est le savon, en finalité cette pensée doit disparaître aussi sous les eaux pures du Gange de la Suprême Connaissance (jnâna-gânga). Ne vous souciez pas des résultats. En affaires, vous donnez et vous recevez quelque chose en retour. On appelle cela du "marchandage", mais ce n'est pas un véritable acquis. Si vous adoptez cette attitude mercantile, vous n'obtiendrez rien. N'abandonnez jamais vos pratiques jusqu'à l'éveil. Soyez persévérant dans vos efforts et votre sâdhanâ.
Le souvenir du Divin est une flamme. Quelle que soit la direction vers laquelle souffle la flamme, elle brûlera tout ce qu'elle rencontre. Selon vos actes, vous récolterez les fruits. Aucun effort n'est jamais vain. Les bonnes comme les mauvaises actions donneront leur abondante moisson — car Il est d'une générosité infinie.
Peut-être direz vous : "Je veux être un puissant de ce monde, et mon désir n'est toujours pas réalisé !"
Vous recevrez très exactement à la mesure de ce qui vous est dû — rien de moins, rien de plus.
Si un vase rempli d'eau a un trou, si petit soit-il, toute l'eau s'écoulera. De même avec vous :votre concentration n'est jamais totale. Il y a une fissure en elle — vous ne voulez pas la réalisation de tout votre être."
(Satsang rapporté dans Ânanda Vârtâ)