Le numéro d'automne de la brochure Jay Ma est sorti, il est disponible sur le site officiel et sur le présent site web.
Concernant Anandamayi.one, la progression est constante. Nous en sommes, à peu près, à 500 clics pour le mois d'août, et 9 500 impressions (chaque fois qu'un lien vers ce site apparaît dans les résultats de recherche) ...
Il y a une augmentation notable pour la page concernant "la vie de Mâ".
En ce qui vous concerne, vous êtes toujours deux fois plus sur mobile que sur ordinateur. L'afflux vient principalement de France, et un faible pourcentage pour la Suisse et la Belgique, à part égale.
Pas d'autres ajouts sur le site, pour ce mois-ci.
Je voudrais aborder un sujet dont Mâ parlait assez souvent, celui des granthi...
Un granthi, du sanskrit signifiant "nœud", désigne un blocage énergétique et psychique qui entrave la libre circulation du prana (l'énergie vitale) dans le corps subtil, particulièrement le long du canal principal appelé sushumna nadi.
Ce sont des points de tension dans notre conscience, des verrouillages subtils qui se forment au fil de notre vie, de nos croyances, de nos peurs, de nos attachements.
Il existe trois principaux granthis :
- Brahma Granthi (nœud de la création) : Situé au niveau du premier chakra (Muladhara chakra), il est lié à la vitalité et à la manifestation de la vie.
Ce nœud est lié à l’attachement au corps physique, aux désirs, à la sécurité matérielle et à la survie. Il peut se manifester par une peur profonde de manquer, une difficulté à lâcher prise sur le confort ou les possessions. - Vishnu Granthi (nœud du cœur) : Situé au niveau du quatrième chakra (Anahata chakra), il est associé aux attachements émotionnels et à la personnalité.
Ce noeud est lié aux attachements affectifs, l’image de soi et le besoin d’être aimé. Il peut se manifester par une peur du rejet, une quête constante d’approbation ou une incapacité à s’aimer soi-même. - Rudra Granthi (nœud de l'ego spirituel) : Situé au niveau du sixième chakra (Ajna chakra), il est lié à l'intellect, au conditionnement et au monde de la pensée.
Ce noeud est lié à l’ego spirituel, à la volonté de contrôler, à l’illusion de séparation et au besoin d’identification. Le terme "ego spirituel" fait référence à l'attachement persistant à l'identité et à l'individualité, même lorsque l'on s'engage dans des pratiques spirituelles.
Les noeuds, de quoi s'agit-il ? Tension, blocage, verrouillage...
Mâ parlait des noeuds de l'ego... l'ego est le fruit du blocage, la cause et en même temps la conséquence ?
On ne peut comprendre les noeuds sinon en les observant en soi-même...
Nous devons faire preuve de discernement pour débusquer les tensions qui s'exercent au-dedans : à quelles pensées me suis-je attaché ?
Quelles sont mes peurs, en ce moment ?
Pourquoi j'éprouve du rejet ou de l'attrait dans certaines circonstances ?
Quel est l'étendu du "territoire de mon ignorance" ?
Et pourquoi suis-je un "jardinier paresseux", incapable de voir le fruit de sa négligence ?
Il faut du temps pour réaliser que l'on s'est égaré à un moment donné sur la route...
"Mais où étais-je donc, depuis tout ce temps ?"
J’observais le monde et les actualités du monde, et par le biais de nombreuses conversations concernant l’injustice et la souffrance, il m’est apparu que… tout m’apparaissait comme “insoluble”, “indépassable”, si étouffé, si compliqué…
Je me suis souvenu de textes que j’avais lu sur le bouddhisme, il y a très longtemps, où il était question de fils entremêlés…
antojaṭā bahijaṭā,
jaṭāya jaṭitā pajā.
taṃ taṃ gotama pucchāmi,
ko imaṃ vijaṭaye jaṭan””ti
(*) "enchevêtrement intérieur" : désirs, illusions, avidité, aversion, ignorance
(**) ”enchevêtrement extérieur" : conflits mondains, conformisme, conditionnements et influences, reconnaissance sociale et renommée, besoin d'appartenance, etc.
“sīle patiṭṭhāya naro sapañño,
cittaṃ paññañca bhāvayaṃ.
ātāpī nipako bhikkhu,
so imaṃ vijaṭaye jaṭaṃ.
yesaṃ rāgo ca doso ca,
avijjā ca virājitā.
khīṇāsavā arahanto,
tesaṃ vijaṭitā jaṭā.
“yattha nāmañca rūpañca,
asesaṃ uparujjhati.
paṭighaṃ rūpasaññā ca,
etthesā chijjate jaṭā””ti.
Source : https://suttacentral.net
L’Eveil est comme de “dénouer” tous les noeuds… ou plutôt, c’est comme de cesser de vouloir les résoudre, de discerner leur essence.
Et de la Libération découle le dénouement,
et du dénouement découle la libération…
C’est vite dit…
Mais je me suis rendu compte que, si tout m’apparaît “compliqué” et confus c'est que mon esprit a ajouté de la complexité et s’est laissé prendre…
Le monde n’est complexe que pour un esprit qui cherche à le résoudre : par quel orgueil pourrais-je résoudre quoi que ce soit ? Est-ce que le monde est quantifiable ? Est-ce que je peux établir une équation et résoudre la souffrance, la haine, l’injustice ? Ai-je mille bras pour porter le fardeau de l'humanité ?

Comment pourrais-je aller plus loin pour exposer ce que je cherche à dire ici ?
Nous, êtres humains, sommes des enfants… à qui l’on raconte des histoires… depuis toujours.
Les enfants se racontent des histoires à eux-mêmes, ils imaginent le monde, ils s’imaginent interagissant dans le monde : le héros, le méchant, le scientifique, le pompier, l’infirmière…
Nous faisons cela jusqu’à notre dernier souffle : on s’invente une vie à vivre… on s’invente un rôle à jouer… on s’invente une pièce de théâtre où intervient la scène internationale, les étrangers du dehors, l’univers, Dieu…
On se raconte notre histoire, et le protagoniste que nous sommes doit résoudre tous les problèmes pour espérer vivre heureux… trouver les solutions pour éviter le pire, les compromis qui font que “ça tient”… on doit même trouver le “chemin spirituel” pour atteindre l’état voulu, l’état d’Eveil, l’état de Saint, l’état “d’ami de Dieu”…
ce sont des histoires qu’on se raconte…
Dans la version adamantine, on va droit au but : “tu es déjà éveillé, mais tu ne le sais pas encore”
Cette perspective souligne que la nature de Bouddha ou la Nature Fondamentale de l'Esprit est déjà présente en chaque être, mais qu'elle est cachée par l'ignorance et les voiles mentaux, un peu comme une étoile cachée par les nuages.
Il n’y a rien à “résoudre”, il faut juste cesser de se raconter des histoires…
La cessation…
Je ne veux plus alimenter les histoires, ni le héros ni sa quête, ni l’orgueil qu’il tire de pouvoir résoudre des équations compliquées… Ce sont les projections de mon esprit, toutes ces histoires… Et je dois discerner ces enchevêtrements…
J’essaie ici d’amener l’enseignement profond du Bouddha avec la simplicité du coeur…
Si l’on voit les noeuds, on peut sûrement questionner celui qui fait les noeuds, avec douceur…
Et c’est nous qui faisons les noeuds… et c’est nous aussi qui tentons de les dénouer… sans établir la corrélation et la causalité…
Je pense vraiment que le Christ avait profondément abordé tout ceci par cette phrase limpide : "Là où est ton trésor, là aussi sera ton coeur." (Mt 6-21)
Le trésor est "la chose précieuse" que l’on garde enfermée, précieusement… on s’y est attaché, et l’on a rejeté tout ceux qui auraient pu nous l’enlever, on a ignoré les conséquences d’un tel attachement…
Attachement, rejet, ignorance…
Nous mettons nos histoires — bonnes et mauvaises — dans un coffre fort.
Nous devenons un soldat prêt à construire une forteresse autour du trésor… et nous le défendons “corps et âmes”, parce que notre coeur s’y trouve…
Voici la souffrance… voici l’enchevêtrement…
Questionnons cela tranquillement, avec douceur : "Qui raconte ces histoires ? Qui défend ce trésor ?"
Avec le temps, cette douceur dénoue tout, comme le Bouddha le décrit : la vertu, le discernement et l'ardeur mènent à la coupe de l'enchevêtrement. Et soudain, la liberté émerge — pas comme une récompense, mais comme ce qui a toujours été là.
Comme ce qui a toujours été là, depuis le début.
Cette phrase du Christ n'est pas un conseil moral, mais une clé profonde : si ton trésor est dans les histoires terrestres — possessions, rôles, quêtes impossibles — ton cœur s'y enchaîne, créant souffrance et enchevêtrement. Mais si tu le places dans l'essentiel, l'invisible (l'amour, la présence divine, le Soi), tout se libère… tout devient claire…
Nous ne sommes pas condamnés à défendre une forteresse ; nous pouvons simplement ouvrir les portes et laisser le Réel entrer…
le Réel s’appelle Amour…
il est Un, sans second.
Mâ Ânandamayî parlait souvent de dénouer les noeuds de l’ego, par la pratique du nom (japa), la méditation, les kirtan, par le seva… par la Bhakti...
Dès que l’on s’écarte des bonnes pratiques, les noeuds peuvent à nouveau s’alimenter, et l’enchevêtrement revient, tant qu’il n’y a pas libération définitive… il faut demeurer dans la bonne pratique.
Ce qui semblait
comme une pelote de fils
impossible à dénouer…
Peut devenir un fil tiré, droit… infini…
d’une simplicité désarmante…
pur et indestructible…
Si mon coeur s’y trouve,
c’est que j’ai pris Refuge
dans le véritable Trésor…