Le but est d'aller au-delà de l'acceptation et du rejet
disait Mâ Ânandamayî
Est-ce que l’existence humaine ne se résume pas en ceci qu’elle doit traverser d’innombrables contradictions, intérieures et extérieures, en tentant de s’attacher le moins possible à l’une ou l’autre partie… ?
L'être humain se pose inlassablement les mêmes questions depuis très longtemps… notamment : pourquoi tant de souffrances… ? Si Dieu est amour, pourquoi de telles choses doivent arriver ? N’y a-t-il donc pas de justice ?
Certaines de ces questions sont arrivées aux oreilles de Mâ Ânandamayî... et aux oreilles de tous les grandes âmes, je suppose…
Toujours les mêmes questions… Parce que la souffrance est toujours la même… toujours là… et l’incompréhension qui l’accompagne en fait partie.
Si je n’avais pas de symptômes, comment pourrais-je me rendre compte que j’ai contracté une maladie ? Et si je me rends compte que j'ai une maladie, je chercherais la cause avant de soigner le symptôme... Me rendant compte de la cause, je pourrais retirer la flèche qui m'aveuglait jusqu'ici...
C’est seulement lorsque les herbes sont hautes, qu’il est facile de les discerner ; les choses sont devenues alors évidentes… Et là, le travail peut commencer : la séparation du bon grain et de l'ivraie… on garde ce qui est bon pour la moisson et on brûle ce qui n’est pas nécessaire, ce qui ne se mange pas, ce qui n’a pas fructifié…
Pourquoi cette sagesse s'évanouit-elle lorsque nous observons le malheur dans notre pays ou dans notre foyer… ou encore dans nos propres réflexions ou nos actions ?
Est-ce que ce n’est pas une invitation à grandir... à traverser les contradictions ?
Généralement nous nous affligeons de constater le malheur, et cela nous empêche d’en tirer une bonne leçon, de s’améliorer, de dépasser la dualité malheur/bonheur…
Et c’est bien de cela qu’il s’agit, non ? La dualité…
Tous les enseignements de Mâ Ânandamayî affirme la non-dualité…
Le Christ n’a pas enseigné autrement… lorsqu'il a dit « Que celui qui est sans péché parmi vous lui jette la première pierre ! »
La compassion de Dieu s’applique à tous, y compris à ceux qui pensent qu’ils peuvent juger et lapider autrui… et dans cette miséricorde, tout le monde s’y retrouve, personne n’est lésé car chacun reçoit l’enseignement (la leçon) qui lui correspond…
Nous sommes hâtifs à juger, à nous accrocher à un avis… à un parti pris...
Nous allons vite en besogne… alors qu’il faut attendre de voir les herbes pousser… et parfois il est nécessaire de gravir la montagne pour obtenir une vue d'ensemble. Depuis le sommet, le paysage se dévoile dans son intégralité, offrant une perspective claire et complète.
Et même si les herbes sont hautes et que la distinction devient évidente… ce n’est pas à nous que revient la moisson…
L’époque est difficile et il est salutaire de ruminer les enseignements, de ne sélectionner que les bonnes herbes à manger et de laisser le reste…
A propos de rumination, Ramana Maharshi prenait parfois l'exemple d'une vache :
La vache, qui a longtemps été habitué à paître furtivement sur les terres d'autrui, ne se laisse pas facilement contenir dans son enclos. Même si son gardien la tente avec de l'herbe succulente et du fourrage de qualité, elle refuse la première fois.
Puis elle en prend un peu, mais sa tendance innée à s'égarer reprend le dessus, et elle s'enfuit.
Après avoir été tentée à plusieurs reprises par son propriétaire, elle s'habitue à l'enclos ; finalement, même si on la laisse libre, elle ne s'égarera plus.
Il en va de même pour l'esprit. Une fois qu'il a trouvé son bonheur intérieur, il ne s'égarera plus à l'extérieur.
Pour ce qui est du site :
Une petite centaine de photographies ont été ajoutées à la galerie.