Mâ
Q : Vos réponses sont tellement en accord avec nos Ecritures que vous n'avez pas étudiées...
Comment est-ce possible ?
Mâ a répondu :
Mâ : Il y a le grand livre de la vie.
Si on s'y plonge profondément, toutes les vérités expliquées par les Ecritures sont là, prêtes à se révéler !
(Mâ était d'une famille de Shakta, les adorateurs de la Mère divine Shakti ; dans cette tradition, il y a des sacrifices animaux, alors que dans la tradition vishnouïte également très répandue au Bengale, ceux-ci sont sévèrement condamnés. D'où un perpétuel point de frottement entre les deux groupes.)
Nani Babu demanda à Mâ :
- Vous êtes la miséricorde même, vous devez enseigner au monde la non-violence (ahimsa). Pourquoi donc à ce moment-là vous avez si soif de sang ?
- Mâ : (dans un état d'être particulier — Nani Babu venait de s'adresser à elle comme si elle était directement la déesse)
Je suis en train de boire mon propre sang (une allusion à Chinnamasta, 'celle à la tête coupée' qu'on représente en train de boire son propre sang et d'en offrir à ses deux compagnes Jayâ et Vijayâ qui étaient assoiffées). Je suis nirahara ('sans nourriture', ce qui peut signifier soit 'je ne prends pas d'autre nourriture' ou bien 'je n'ai pas pris de nourriture', donc 'je suis affamée'). Je suis l'univers tout entier.
- Nani Babu : Pourquoi avez-vous une telle avidité pour les sacrifices sanglants ?
- Mâ : Pour moi, tout se vaut. Qu'est-ce que le sacrifice ? Qu'est-ce qui n'est pas sacrifice ?
Pourquoi cueillez-vous des fleurs et des fruits des arbres ? Pourquoi récoltez-vous ce qui pousse dans les champs ?
Tout ce que vous prenez n'est que sacrifice.
La divinité principale de ce lieu (Chinnamasta) est en train de boire son propre sang ? Elle absorbe tout et donne tout en retour.
Un jour je demandai à Mâtâjî :
" Quand votre corps est saisi par un état d'extase (bhâvâvesh) voyez-vous apparaître devant vous des dieux ou des déesses '? "
Mâ répondit :
" Ici, il n'y pas de notion de résultat pour moi.
Je n'ai pas besoin de ces visions.
Vous voulez voir les signes de l'extase, c'est pour cela qu'ils se manifestent de temps en temps dans ce corps.
Quand on souhaite quelque chose avec une pleine intensité, sa réalisation ne manque pas de s'ensuivre.
Ce n'est qu'en s'immergeant dans le Nom divin qu'on peut se mettre à plonger dans l'océan des formes.
Quand on ne sépare plus le Nom et Celui qui est nommé, le sentiment du monde extérieur disparaît et l'énergie lumineuse propre au Nom s'épanouit d’elle-même."
Q : Quel est votre message au monde ?
Mâ : Quel message peut donner la personne qui n'a rien accompli, rien appris !
Q : Quel est votre travail ?
Mâ : Je ne travaille pas. Pour qui travaillerai-je, puisqu'il n'y a qu'un ?